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Gilbert, 45 ans à Bagatelle

extrait du magazine le Sept 119, mai 2007

Article proposé le lundi 7 mai 2007, par Emmanuelle Deleplace


Gilbert Lacombe a habité la première barre construite à Bagatelle. Aujourd’hui il est propriétaire de son appartement à quelques rues de là. Il fait partie de ceux qui ont construit et animé cette cité et n’a aucune intention de déménager.

Militant syndical originaire du lot, Gilbert Lacombe débarque à Toulouse en 1958. « Après quelques années au siège de la CFTC, j’avais envie de retrouver le terrain. » Gilbert reprend son travail d’ajusteur-outilleur dans l’usine aéronautique Fouga et en profite pour monter la section syndicale.

En 1962, Gilbert, sa femme et ses enfants emménagent dans la toute nouvelle cité de Bagatelle : « un T5 magnifique mais autour, des chemins en terre, quelques entreprises et des fermes. La rue de l’Ukraine (quartier de la Faourette) que j’habite aujourd’hui était recouverte de vignes » se souvient-il. « Puis les bâtiments ont poussé comme des champignons : des appartements préfabriqués qu’on voyait se monter les uns sur les autres en quelques semaines. »

En 1965, la cité de Bagatelle compte plus de 5 000 habitants, essentiellement des jeunes couples avec enfants pour qui aucune infrastructure n’a été prévue : pas une école, pas une aire de jeux, aucun équipement médico-social. Les habitants se mobilisent et finissent par obtenir la construction d’une maison des jeunes et de la culture.

« On était vraiment coincés entre béton et bitume. Ce n’était pas la cité du bonheur. Mais la vie associative était riche. Quand après mai 68 la municipalité a voulu détruire la MJC, les 23 associations du quartier se sont fédérées dans un collectif qui a finalement récupéré la gestion de la Maison de quartier. »

« En se bagarrant, on a réussi à monter une union sportive, un centre de soins infirmiers… Une église s’est implantée. Entre 1970 et 1975, le quartier était très dynamique. La fête de quartier, le carnaval, rassemblaient une foule considérable, bien au delà des simples habitants. »

Une partie des habitants « historiques » est partie plus loin en pavillon et une nouvelle population issue du Magreb, rapatriés d’Algérie et travailleurs émigrés l’a remplacée. Gilbert lui est resté. « Le quartier a toujours été mal vu mais c’était un mythe. Jusqu’au milieu des années 90, je laissais ma voiture ouverte, mon ami le prêtre, son vélo sans cadenas et on ne nous a jamais rien volé. »

Pour Gilbert c’est le chômage qui a tout détraqué. « Les jeunes d’ici ne sont pas méchants mais juste un peu paumés. Ils ne voient pas comment donner un sens à leur vie. Et tandis que le chômage se développait, on a laissé les associations mourir, on a remplacé le commissariat de quartier par des descentes ponctuelles et massives de CRS ». Mais Gilbert veut encore y croire : « regardez la vivacité de la maison de quartier de Bagatelle, je suis sûr que les réseaux de solidarité reprendront le dessus… »

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