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Marathon des mots, du frelat ?

Article proposé le mardi 28 août 2007, par Yves Le Pestipon


Une entreprise culturelle largement financée depuis trois ans par la municipalité de Toulouse où de nombreux écrivains et artistes proposent pendant trois jours des lectures, des performances, des conférences.
D’un côté en effet, nous devons souscrire à la présence d’écrivains et d’artistes divers à Toulouse, ainsi qu’à la volonté d’associer un public à la création littéraire. Comment peut-on vouloir du mal aux mots, à ceux qui les emploient, et les goûtent ?

D’un autre côté, cependant, nous sentons le caractère frelaté de cette entreprise. Son titre à lui seul est suspect. Comment peut-on désirer que les mots fassent le Marathon ? Désigner la rencontre des poèmes par le nom d’un concours d’endurance sportive, est curieux… Ainsi, ce seraient les mots, sans proposer un sens, qui feraient le Marathon… Si un accord commun peut être alors trouvé entre les écrivains, les spectateurs et les organisateurs, c’est sur le vide. Loin de nous inviter à une parole, voici des mots qui courent…

Le malaise est redoublé par le fait que des acteurs du spectacle médiatique font la Une du Marathon des mots. Le nom même de son président, - Olivier Poivre d’Arvor – l’annonce assez. On a le sentiment que les artistes toulousains servent de caution à une opération qui leur est extérieure. Leur vanité est sans doute flattée de se voir à l’affiche avec des stars, et ils espèrent s’exprimer, mais ils négligent que c’est largement le cadre qui fait l’effet de l’art, et que le cadre, en ce cas, c’est le Marathon des mots. Le global se sert du local pour mieux faire son bruit, et parfois, il semble s’être imposé par la force de l’argent et des médias aux institutions toulousaines qui résistaient.

L’observation du programme du Marathon, qui frappe tous azimuts, manifeste une volonté de ne rien oublier. Tout est prévu, de l’occitan à la méditation… Dans le rythme effréné du Marathon, rien ne manque, l’événement se donne comme un spectacle total, totalisant, partout présent, tout entier sympa…

Doit-on le combattre, et peut-on le combattre ? On sent confusément que le Marathon des mots n’est qu’un exemple particulier d’un frelat culturel général, qui s’étend, et dont on nous promet une apothéose à Toulouse, peut-être en 2013. On sent qu’il récupère de multiples intentions démocratiques et culturelles pour masquer du réel sous les mots. Faut-il tenter de l’’attaquer par l’organisation d’opérations ponctuelles radicales ?
Je ne le crois pas.

L’effet médiatique serait négatif. Faut-il se contenter de faire retraite, de décider une abstinence de culture ? Je serai volontiers porté à le croire. Le salut, parfois, est dans la fuite. Cependant, sans doute est-il nécessaire, par delà la retraite, d’échanger des impressions, des arguments, des informations, d’organiser des débats entre citoyens sur ce qui paraît être, dans ses formes, une invention politique du début de ce siècle : l’emploi des arts pour aliéner de manière spectaculairement sympa.

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