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Drôle d’anniversaire

L’édito du Sept

Article proposé le jeudi 16 novembre 2006, par Emmanuelle Deleplace


Il est des anniversaires qu’on aimerait ne pas fêter. Des lieux dont on aimerait qu’ils n’aient plus de raison d’exister. Et pourtant, 20 ans après leur émergence en Haute-Garonne, les maisons de chômeurs sont toujours là. La 1ère maison Partage est née en 1986 et To7, créé en 1983, s’est fortement orienté vers l’accueil des demandeurs d’emploi à la même époque.

Mais c’est quoi au juste une maison de chômeurs ? C’est avant tout une maison, un endroit chaleureux, un espace de fraternité, d’expression et de solidarité.
Quand vous interrogez les gens qui fréquentent les maisons de chômeurs, tous vous répondent la même chose : ici on est bien accueilli ; on est aidé sans être jugé.

Pouvoir se poser. Ne rien faire parfois, mais faire partie d’une communauté plutôt que d’être seul, c’est ce que permet la maison de chômeurs. Elle aide aussi, bien évidemment, les demandeurs d’emploi au quotidien en les épaulant dans leurs démarches, en leur offrant des conseils, un accès aux outils bureautiques…

C’est un des rares lieux que fréquentent les demandeurs d’emploi qui ne fonctionne pas sur le mode de la culpabilité. Car souvent, ailleurs, le chômeur est coupable : coupable d’avoir perdu son emploi, coupable de ne pas vraiment chercher un nouvel emploi, coupable de se payer le luxe de refuser un travail où il serait honteusement exploité, coupable de vivre aux crochets de la société. Alors le coupable doit en permanence se justifier.

Demande-t-on la même chose aux salariés ? Non.
Eh bien dans les maisons de chômeurs non plus. Ce sont des lieux où le chômeur peut enfin être simplement lui même et pas en permanence le commercial d’une image qu’on lui impose de véhiculer. Parce qu’elles ont toujours été créées par ou avec les chômeurs, ces maisons on su faire vivre un espace social répondant vraiment aux besoins et aux attentes de ceux qui ont perdu leur emploi ou n’en ont jamais trouvé. Et ce n’est pas parce qu’on n’a pas d’emploi qu’on n’a pas de compétences et qu’on n’est pas capable de créer ou de s’associer à des dynamiques collectives.

Si aujourd’hui, en tous cas ici en Haute Garonne, les maisons sont connues et reconnues, y compris par toutes les institutions, il a fallu du courage et de la ténacité pour créer ces lieux. Les débuts ont souvent été bénévoles. Les bénévoles ont d’ailleurs toujours un rôle important. Les salariés ne choisissent pas les maisons de chômeurs pour le niveau de salaire, les emplois sont souvent aidés et les statuts précaires.

En ces temps où l’individualisme est roi, où l’on s’accommode de la précarité d’une partie de la population, où l’on met à distance le « sans-emploi » comme la figure déchue du travailleur, les maisons de chômeurs témoignent d’un engagement concret pour plus de justice sociale. Un engagement qui prend tout son sens grâce aux bénévoles et donateurs qui ne sont pas directement touchés par la perte d’emploi mais qui permettent à ces maisons d’exister.

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