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Débat sur les franchises médicales à To7

Article proposé le dimanche 23 septembre 2007, par Emmanuelle Deleplace


Marie Pierre LESUR et Guy MOLINIER du collectif départemental 31 Contre les franchises médicales pour l’accès aux soins pour tous sont venus à To7, jeudi 20 septembre, pour présenter leur collectif et inviter les participants à la mobilisation nationale du 29 septembre contre l’instauration de nouvelles franchises médicales.

L’alerte a été donné par trois médecins généralistes, Christian Lehmann, Philippe Sopena et Martin Winckler, auteurs d’un Appel contre la franchise Sarkozy. Lancé en avril dernier, en pleine campagne présidentielle, l’appel a déjà récolté plus de +54000 signatures sur internet. Puis des « collectifs contre la franchise médical »e se sont rapidement montés à l’initiative du syndicat de la médecine générale (auquel adhérent les trois médecins initiateurs), des syndicats Sud et de l’union syndicale de la psychiatrie. En Haute-Garonne plus d’une vingtaine d’organisations (associations, syndicats, partis politique) appellent à

un rassemblement le 29 septembre à 10h30 place du Capitole pour dire non aux franchises médicales.

Présentée d’abord comme une mesure visant à réduire le « trou de la sécu » l’instauration de nouvelles franchises ( 0,50 par boite de médicament, 0,50 par acte paramédical et 2€ par transport sanitaire ; le tout limité à 100€ par an) apparaissait impopulaire. Alors le gouvernement a trouvé la parade : les 850 millions d’euros ainsi récoltés serviront à financer la « bonne cause » : recherche sur la maladie d’Alzheimer, lutte contre le cancer et développement des soins palliatifs. Et les franchises prennent un petit air de lundi de Pentecôte. Celui où nous sommes désormais invités à travailler pour financer la dépendance des personnes âgées.

Plus que financer des dépenses nouvelles, -850 millions d’euros c’est une peu chiche pour lutter contre Alzheimer, le cancer et développer les soins palliatifs-, les franchises visent avant tout à « responsabiliser » les patients, c’est-à-dire les pénaliser financièrement pour qu’ils consomment moins, ou, au minimum, pour que la Sécu rembourse de moins en moins. Car pour le gouvernement l’augmentation des dépenses de santé, c’est la tout la faute des patients. Même si de nombreuses études ont prouvé que le nomadisme médical concerne moins de 1% des assurés sociaux, même si 70% de la dépense totale est le fait de 10% de patients qui sont atteints de lourdes pathologies, parfois en fin de vie, et à qui on ne demande guère leur avis quant aux soins dont ils sont l’objet.

Certes cette nouvelle réforme de la sécu, la vingtième en trente ans n’est pas la première à toucher directement les assurés sociaux au porte monnaie. Dès 78, le plan Veil créait les médicaments dits de confort pour lesquels la prise en charge sécu passait de 70 à 40%. La listes des médicaments « de confort » augmentant d’années en années. Le forfait hospitalier vit le jour en 2003 et sa hausse continuelle est sans commune mesure avec celle des salaires. Puis se sont enchaînés de 1987 à 2003 les vagues de déremboursements ou de baisse de remboursements de médicaments. Des médicaments désormais remboursés à 35 ou au mieux 65%.

Depuis 2005, les franchises ont fait leur apparition : 1 € par acte médical et depuis septembre 2006 : 18 euros sur les actes supérieurs à 91€. Le tout limité à 50€ par an.
Avant même l’instauration des nouvelles franchises « Sarkozy » le très officiel Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie estime que le reste à charge moyen par assuré social s’élève à 400€ par an dont 290€ pris en charge par les complémentaires maladies.

« Or d’ores et déjà 10% des assurés sociaux n’ont plus les moyens de se payer une mutuelle, commente Marie-Pierre Lesur. Comment feront les malades aux faibles revenus pour ajouter à ces 400€ 100€ de franchise supplémentaire ? Et bien ils ne se soigneront plus tout. 15% des Français avouent avoir déjà renoncer à se soigner pour des raisons financières, la proportion va aller croissante. La franchise c’est le principe de la double peine : chaque malade déjà en souffrance devra payer plus que le bien portant ». Rendant de plus en plus pertinent l’adage : il faut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade.

« A toutes ces mesures vraiment catastrophiques pour les malades chroniques qui atteignent forcément le plafond de participation, s’ajoute le manque de moyens de plus en plus criant dans les hôpitaux publics s’insurge Guy Molinier d’Act-up. On est vraiment passé dans l’ère de la restriction en matière d’offre de soins. » Quant au fameux plafond annoncé de 100€ de participation maximale par an et par assuré social, il pourra être révisé tous les ans et risque bien de connaître la même inflation que le forfait hospitalier. « A l’opposé de ce principe de solidarité, nous glissons peu à peu vers une médecine à plusieurs vitesses. » insiste Marie-Pierre Lesur.

« On se dirige vers un système libéral comme je l’ai connu à l’étranger, commente une participante. A San Francisco quand je me suis rendue à l’hôpital, la première chose qu’on a regardé c’est si j’avais de l’argent sur ma carte bleue. J’ai aussi travaillé en Suisse. J’ai du débourser 3000 € de ma poche pour me soigner. » Pour Badra, bénévole à To7 « c’est une ballon d’essai sur le désengagement dans les système solidaire. Si ça marche avec la santé, on peut être sûrs que tous les domaines de notre vie seront bientôt touchés. »

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