Sandra, 36 ans, travaille depuis deux ans comme intérimaire dans la restauration collective. « L’intérimaire c’est la main d’œuvre corvéable à merci. On se fait exploiter par les gérants et par les autres employés qui nous laissent systématiquement le sale boulot. Certaines grandes sociétés de restauration n’hésitent pas à embaucher un maximum d’intérimaires alors qu’à priori ça leur revient plus cher. »
« Par peur de ne pas être repris, les intérimaires sont prêts à accepter n’importe quoi. Si on se contente de poser des questions sur les horaires ou les conditions de travail, on passe pour une emmerdeuse. On ne m’a jamais rien reproché sur la qualité de mon travail pourtant, comme je n’ai pas ma langue dans ma poche je suis persona non grata dans certains restaurants. »
Sandra avait travaillé en restauration traditionnelle mais elle a choisi la restauration collective pour ne plus travailler le soir. « Finalement les conditions de travail étaient meilleures dans les petits resto. Ce sont les grands groupes à gros bénéfices qui exploitent le plus les salariés. »
Si les intérimaires sont la dernière roue du carrosse, la situation n’est guère plus brillante pour certains employés permanents. « Je me souviens d’une collègue maghrébine qui travaillait dans le même restaurant depuis 25 ans. A la dernière restructuration, on a tout fait pour la mettre à la porte. Elle a fait une dépression puis a fini par accepter un départ en pré-retraite. Pourtant c’était quelqu’un qui n’avait pas envie de s’arrêter. »
Témoignage recueilli par Emmanuelle Deleplace