L’histoire d’Aurélie et de Bernard est devenue tristement célèbre à Toulouse. Bernard, étudiant camerounais et vigile au métro, s’est fait arrêté brutalement à son domicile où il vivait avec sa compagne. Étudiant en projection de cinéma et préparant également un diplôme d’ingénieur du son, Bernard obtient de brillants résultats alors qu’il travaille dans le même temps à la surveillance du métro où son sérieux dans le travail est reconnu et apprécié. Il est arrêté un matin de septembre, menotté et blessé aux poignets (un certificat médical en fait foi), avant d’être conduit au centre de rétention vêtu d’un short et d’un tee-shirt et chaussé de pantoufles. La mobilisation du Rassemblement des sans-papiers, de ses amis, collègues de travail et de la famille d’Aurélie sa compagne porte ses fruits et permet sa libération. Le mariage, dont les bans étaient déjà publiés est avancé et célébré dans la Salle des Illustres.
Depuis leur mariage, Aurélie et Bernard vivent une situation de couple insolite : ils sont de fait séparés. Le jour de leur mariage, ils se rendent à la préfecture qui refuse le visa et chez leur avocat. Le référé du tribunal est rejeté par deux fois. Bernard est toujours sous le coup d’une procédure d’expulsion ce qui fait dire à Aurélie : « nous ne dirigeons pas notre vie » .
Cette situation engendre des questions sur la légitimité de ce mariage entre une française et un étranger. Aurélie et Berrnard se sentent devenir « suspects » et pensent que l’on doute de la réalité de leurs sentiments. La question centrale est celle de la loi actuellement en vigueur avec son caractère très dur. Heureusement, l’interpellation violente de Bernard, puis le mariage ont créé un mouvement collectif autour d’eux.
Le mariage a été relayé par plusieurs journaux et reportages télévisés. Les salariés de la Brink’s, collègues de Bernard, sont venus soutenir le couple et marquer leur solidarité au tribunal administratif. Au-delà de leur situation personnelle, tous deux insistent sur l’importance de ce mouvement collectif [1].