C’était il y dix ans, plus peut-être, le temps passe si vite ! A un repas débat de TO7. Près du bar se tenait une petite dame aux lunettes noires, un peu en retrait, pomme ridée, discrète. Je me suis approchée d’elle et je l’ai embrassée. Comme je suis grande et que je ne voulais la dominer, je me suis assise auprès d’elle alors qu’elle restait debout pour le cas où elle serait sollicitée. Elle m’a dit qu’elle habitait un petit appartement à Empalot, qu’elle n’avait pas de famille à Toulouse mais beaucoup d’amis : ici à TO7 et parmi les militants de la Cause Palestinienne. Les jeudis où j’avais l’occasion d’assister à un repas débat, je cherchais en entrant, la petite dame aux lunettes noires et si cela était possible, je prenais place à ses côtés. Nous ne parlions guère, Elisabeth n’était pas du genre à trop parler d’elle, à trop parler en général… Mais, fourmi efficace, elle agissait, toujours sans ostentation, oeuvrant avec foi et conviction, à la construction du monde qu’elle avait dans sa tête : un monde de paix et de tolérance, un monde de solidarité et d’amour, un monde où, enfin, les Palestiniens pourraient vivre sur leur terre, en paix et dans la dignité.
A petits pas, la petite dame aux lunettes noires, s’en est allée, mais derrière elle subsiste comme un parfum qui n’est pas prêt de s’effacer. Et lorsque j’irai à TO7 et qu’instinctivement je chercherai des yeux Elisabeth, je suis certaine de la trouver.
Josette (Martin)