C’est un groupe de « T Oseptiens » transis par le vent, qui part ce matin à la découverte du Mirail, sous la conduite de Catherine de l’association « randonnées urbaines La Gargouille ». Oui, pour une vraie découverte de ce quartier que l’on croyait si bien connaître !
Comment ! la Garonne passait ici, dans les très vieux temps ! C’est donc elle qui a laissé toutes ces nappes d’eaux souterraines aux multiples résurgences. Bien sûr, on avait entendu parler des Romains, mais nous sommes très impressionnés par le récit de la construction de l’aqueduc qui depuis Montlong, captait une trentaine de sources dont celle del Mirailh et acheminait leur eau par monts et par vaux , tantôt en souterrain ,tantôt en aérien , et même en traversant la Garonne - alors dans son lit actuel- pour approvisionner la ville de Tolosa et ses thermes.
Il y avait des fermes au Mirail, les bordes dont on retrouve le nom dans quelques quartiers. On y a même retrouvé les tombes de paysans wisigoths, puisque pendant plus d’un siècle, Toulouse fut la capitale du grand empire Wisigoth qui, s’étendait de la Gascogne en Espagne passant par le Massif Central et Narbonne après la défaite des Romains (- est-ce pour cela que l’on traite ici tous les malotrus d’ostrogoths ? à quelles inimitiés faisons-nous écho ?) -. Peu de vestiges nous restent de ces temps là, mais le Mirail garde encore de beaux pigeonniers et quatre châteaux sur les cinq construits au XVIIIe siècle .
Bref, revenons à notre groupe qui chemine dans les « cheminements » et qui apprend que ce terme employé pour les adresses actuelles, a été inventé spécialement pour le Mirail lors de sa construction. Candilis était l’élève de l’architecte Le Corbusier, celui-là même qui a construit la Cité Radieuse -connue aussi sous le nom de « maison du fada »- à Marseille. Selon les mêmes principes, Candilis construisit dans les années 60, une ville nouvelle à la demande de la municipalité de Toulouse, pour loger toute la population attendue.
Du haut des coursives du 13eme étage de l’immeuble de Satie, après avoir repéré au loin les collines de Pech-David , le dôme de La Grave , la tour de Saint Sernin, , Catherine nous montre comment ont été appliqués ces idées d’architecture si généreuses au départ :
les immeubles construits en tripodes, c’est-à-dire dont les trois barres évitent les vis-à-vis directs, bien que certains fassent exception à cette règle et soient quand même construits à angle droit,
- le respect de la « coulée verte » des grands arbres à la présence si bienfaisante, gardés nombreux entre les bâtiments, comme nous le voyons de haut, et aussi, à nos pieds vers le collège et sa structure en patio,
- et surtout l’isolation des voitures qui circulent au niveau du sol, où sont les rues et les parkings, alors que les habitants peuvent aller à pieds, à vélo ou à rollers, de Reynerie à Bellefontaine sur de larges passerelles bâties au niveau des 1ers étages des immeubles ainsi que les dalles conviviales, où s’installe une grande diversité de commerces. Chaque immeuble est conçu comme une petite ville avec ses points de, regroupements conviviaux près des ascenseurs, tous situés au point de rencontre des trois branches du tripode. Il a même été prévu des locaux pour les petits commerces de proximité, dans les immeubles mêmes, tout au long des coursives, véritables rues prévues tous les 3 étages Il existe aussi, ici et là, de beaux appartements duplex.
Cependant, par souci d’économies, le beau projet n’a pas été respecté dans son intégralité. Et pourtant dans ces réalisations conçues pour les classes moyennes, bien des gens se souviennent d’avoir vécu heureux à Reynerie
Et puis vinrent les années 80 , avec leurs problèmes , et le regroupement dans ces quartiers, de populations au taux de chômage très élevé et aux revenus de plus en plus précaires, les immeubles prirent alors des allures de ghettos. Déjà, on avait abattu les passerelles piétonnes. Bien des commerces disparurent , d’autres, pour la plupart de petites épiceries, s’établirent au niveau du sol sur la nouvelle place Abbal et dans les petites rues adjacentes
Puis on parla d’insécurité, les coursives furent barrées, d’autres ascenseurs construits dans des tours extérieures. La rocade d’abord puis la ligne de métro, ont permis à quelques années d’écart, de désenclaver le Mirail en le rapprochant du centre de Toulouse. Aujourd’hui, nous assistons à la démolition des dalles et de certaines barres d’immeubles, dans le cadre du Grand Projet de Ville qui doit rénover Bellefontaine , Bagatelle et Reynerie .
En attendant, nous profitons toujours d’un coin très privilégié, celui des 7 hectares d’espaces verts aménagés autour du lac de Reynerie, là où le festival Racines est revenu cette année avec ses 3 jours de musiques méditerranéennes, et où se reflètent les feux d’artifices du 14 juillet . Et puis encore de ce bijou qu’est le parc du château de Reynerie, aux arbres bicentenaires.
Mais ceci est une autre histoire, que nous vous conterons une autre fois, avec la suite de la visite. Merci Catherine , merci TO7 !
Henriette
A votre tour :
Vous avez aussi des souvenirs du quartier tel que vous l’avez connu dans votre enfance ou lors de votre arrivée ? Ce serait bien sympathique de les partager avec tous !
Alors vite, à vos plumes, à vos claviers, répondez à cet article ou encore venez raconter vos souvenirs à l’accueil de TO7.