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J’ai décidé alors d’être avec les amis du Collectif

Article proposé le jeudi 14 octobre 2004, par Tahar


Je suis rentré en France en 1999. J’ai laissé ma femme et mes deux enfants en Tunisie.
Depuis que je suis venu, je travaille presque sans arrêt. Je suis maçon.
Quand j’ai commencé à bien gagner ma vie, j’ai amené ma famille ici (en 2001) et nous sommes, depuis, hébergés chez mon beau-père. Mes enfants sont scolarisés depuis 2001, et j’ai eu un nouveau-né (une fille) en mai 2002.

Nous vivons tous les 5 dans une petite chambre de 10 m2 parce qu’on n’a pas le choix : je n’ai pas le droit de louer un appartement. Pourtant, je touche bien, et je suis capable de payer le loyer tous les mois, et de gérer tous les besoins de la famille.
Le 21 septembre 2001, c’est la catastrophe de l’AZF. Malgré les dégâts, on était toujours tous dans la même chambre, les fenêtres sans vitres. Toute la famille a pris un choc : ma femme est devenue asthmatique, mon fils a toujours peur. Il se réveille quelquefois la nuit et se met à pleurer, il fait pipi au lit. Ils sont suivis par des psychologues et suivent des traitements.

Moi, mon problème, c’est que je suis en France depuis presque cinq ans, mais je ne suis pas encore régularisé. Je travaille sans droit. Je suis un maçon qualifié. Je fais du boulot simple et dur. J’ai toujours peur sur les chantiers, à cause des contrôles de police. Pourtant, je travaille juste pour bien vivre, et faire vivre ma famille. Je ne suis ni un voleur ni un criminel.

Mes enfants sont habitués à vivre ici. Quand je leur demande s’ils veulent rentrer en Tunisie, ils me disent qu’ils aiment vivre ici et qu’ils ne vont plus arriver à vivre là-bas, en Tunisie. Ils aiment continuer leurs études et leur vie ici.

Ici, c’est le collectif des sans papiers qui a éclairé ma route. C’est avec le collectif que j’ai fait mon dossier, les recours. Moi-même, quand j’ai fait un recours, la Paf est venue me chercher là où j’habite. Ils m’ont laissé un message (je n’étais pas chez moi) pour aller à Blagnac, chez eux.
J’ai téléphoné aux amis du collectif. Ils m’ont dit de ne pas y aller. J’ai compris que moi tout seul, je ne peux pas arriver à ouvrir toutes les portes et à régler tous les problèmes. J’ai décidé alors d’être avec les amis du collectif.

Je suis là, nous sommes là, nous sommes d’ici jusqu’à l’infini. On doit se battre pour changer la loi, se manifester, se rassembler pour changer cette mauvaise loi. Il faut essayer d’ouvrir la porte de tous les côtés.

  • En premier, avoir les papiers. Mais pour l’instant, c’est bloqué, il y a peu de chances.
  • En deuxième, on cherche à ouvrir pour la sécurité sociale, le logement…
    Pour ces deux points, on a bien avancé et on a gagné de la liberté, de l’égalité. On a toujours essayé, on ne reste pas les bras croisés.

Tout ce travail, c’est grâce au collectif. Il montre à tout le monde qu’il n’y a pas de différence entre algériens, tunisiens, maliens… Tout le monde est pareil, et chez eux.

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