Une peintre au Mirail

Artiste peintre, Marika Perros avait besoin d’espace pour exercer son art. Elle s’est donc installée, dans l’un des quatre ateliers d’artistes* du Mirail, il y a près de dix ans. Depuis cette « greco-italo-portugo-marocaine » s’est parfaitement intégrée dans le bouillon multiculturel de la Reyneie. Portrait.

Attirée par le dessin et la peinture depuis l’enfance, Marika découvre les arts déco à Nice tout en préparant son bac scientifique. Délaissant alors les maths, elle étudie les arts dans deux écoles : l’une au Danemark (Det Jyske Kunst Akademiet) et l’autre à Nice (EPIAR, villa Arson). Arrivée en région toulousaine en 1988, elle restaure des peintures d’église et commence à exposer en 1989.

L’année suivante, elle représente Toulouse à la biennale des Arts de Marseille, puis réalise rapidement des expositions à l’étranger : Espagne, Maroc, Ukraine, Hollande, États-Unis. Tous ces pays sont aussi une grande source d’inspiration pour son art ; un voyage au Guatemala à l’âge de 20 ans lui fait découvrir les couleurs vives qu’elle utilise toujours depuis.

Marika Perros a commencé par la peinture abstraite : sur fond noir, elle utilise les couleurs primaires portées à leur summum. Des couleurs fortes mélangées qui semblent sortir d’une explosion au cœur du tableau. Ces œuvres font partie d’une période qu’elle nomme le Big-Bang, la naissance du monde.

Progressivement, la couleur gagne du terrain alors que le noir régresse, puis elle introduit un visage, créant des peintures à la fois abstraites et figuratives.Maintenant le noir a disparu et les visages sont nombreux ; des nuances nouvelles dans les couleurs sont apparues : orange-safran, rose fuschia. L’énergie et la chaleur contenues dans toutes ses peintures traduisent la volonté de l’artiste de donner aux gens du beau, du merveilleux.

« Mes tableaux ne sont pas des déversoirs, je ne veux surtout pas donner aux autres mon mal-être mais vraiment une énergie positive ». Dans un quartier où les gens ont besoin plus qu’ailleurs d’optimisme et de rêve, Marika a su trouver sa place. « Le Mirail n’est pas dangereux, c’est au contraire un quartier où il y a beaucoup d’humanité. La mosaïque de cultures fait qu’on se sent un peu en Méditerranée. C’est vraiment dans un quartier populaire comme ici que la fonction d’artiste prend tout son sens » explique-t-elle en préparant ses cartons pour sa prochaine expo qui aura lieu en novembre en Tunisie.

* Le ministère de la culture, en collaboration avec les organismes HLM, propose de louer aux artistes un appartement couplé à un atelier. Les artistes sont sélectionnés sur dossier et paient ensuite le loyer de cet appartement adapté à leurs besoins à la société HLM. Il existe plusieurs centaines d’ateliers d’artistes en France, seulement 4 en Midi-Pyrénées, tous situés au Mirail.