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Pour intensifier la « chasse aux étrangers », la Préfecture de la Haute Garonne bafoue le secret professionnel des fonctionnaires et agents publics

Article proposé le dimanche 2 décembre 2007, par Emmanuelle Deleplace


Huit organisations dénoncent les pratiques de la Préfecture de la Haute Garonne dans la « chasse aux étrangers ». Des pratiques qui bafouent le secret professionnel des fonctionnaires et agents publics ainsi que le droit au respect de la vie privée. Voici le communiqué qu’ils viennent de publier.

Une note interne fait apparaître que, sous prétexte de « lutte contre les fraudes », la Préfecture de la Haute-Garonne tente actuellement de mettre en place, dans le plus grand secret et dans le mépris du secret professionnel des fonctionnaires et du droit des citoyens au respect de leur vie privée, un système d’échange d’informations entre tous les services administratifs et de dénonciation aux services de police et de gendarmerie par l’ensemble des fonctionnaires et agents des services publics du département.

Sous l’égide de la Direction de la réglementation et des libertés publiques de la Préfecture de la Haute-Garonne, est mis en place un « groupe de référents départementaux et des organismes sociaux en matière de lutte contre les fraudes à l’identité ».

Des agents « référents » de la CPAM, de l’URSSAF, de la CAF, des services fiscaux, des ASSEDIC, de l’ANPE, de la CRAM, de la DTEFP, de la DDASS, de l’ANAEM devront participer à une formation organisée par la Police de l’Air et des Frontières (PAF).

Selon cette note, les agents des administrations devraient notamment faire appel à la PAF, à la police et à la gendarmerie à chaque fois qu’ils auront un simple doute sur l’authenticité des documents qui leur sont présentés par les administrés, contrôler l’identité des patients.

De plus, dans une note datée du 10 octobre 2007, la Direction de la réglementation et des libertés publiques, qui, sous prétexte d’efficacité, souhaite agir dans la confidentialité, forme le vœu d’une extension des fichiers au niveau national et de « la possibilité de croiser les informations sans croiser les fichiers nationaux car interdiction de la CNIL » en instituant des réseaux de correspondants dans chaque organisme ou administration.

Il est prévu que les entreprises publiques ou remplissant une mission de service public soient également impliquées.

Dans une note préalable, la Préfecture de Haute-Garonne annonçait clairement que cette initiative, répondant à une « logique de réseau », se situait dans le « plan de lutte contre les fraudes commises par des ressortissant étrangers ».

La note du 10 octobre implique, entre autres incitations :

  • l’identification des personnes en situation irrégulière ou d’éloignement
  • les fraudes à l’hébergement, la « couverture » de situation irrégulière
  • l’amélioration du contrôle de la résidence déclarée

La Police aux frontières (PAF) est le maître d’œuvre de ce dispositif.

Il s’agit donc bien d’organiser, au niveau des organismes sociaux, un système de signalement systématique, et de faire de leurs agents des auxiliaires de police.

Il est symptomatique que la Justice, en l’occurrence le Procureur de la République, soit absente du processus envisagé, les seuls interlocuteurs désignés étant les services de police.

Les organisations signataires s’insurgent contre cette nouvelle tentative de bafouer, hors de tout cadre légal et dans le plus grand secret, le secret professionnel auquel sont soumis les fonctionnaires, qui protége l’usager du service public contre la divulgation d’informations à caractère secret. Le respect de cette obligation est le corollaire du respect de la dignité de la personne humaine, principe doté d’une valeur constitutionnelle, et du droit de tous les citoyens au respect de leur vie privée.

Après la loi Perben II du 9 mars 2004 et la loi sur la prévention de la délinquance du 5 mars 2007, les atteintes au secret professionnel sont désormais renforcées par de simples pratiques et notes administratives sans valeur légale.

Une telle initiative indique très clairement que se poursuit, en la renforçant, une politique de « xénophobie d’Etat », par la mise en place de fichages et d’incitation, voire d’obligation administrative, à dénoncer des situations irrégulières ou anormales. En l’occurrence, tous les citoyens et personnes résidant sur le territoire national sont menacés.

SIGNATAIRES au 27/11/2007 :

CGT, Union départementale 31

FSU 31

Ligue des droits de l’Homme - Toulouse

Solidaires 31

Syndicat des avocats de France, Toulouse

Syndicat de la Magistrature, Toulouse

UNSA Conseil Général 31

UNSA Education

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4 Messages

  • LA LDH TOULOUSE REPOND AU PREFET DE LA HAUTE GARONNE

    Suite aux propos tenus par M. le Préfet de la Haute Garonne dans la Dépêche du Midi du 13 décembre dans un article intitulé « On ne chasse personne », la section toulousaine de la Ligue des droits de l’Homme lui a transmis un courrier ci-dessous :

    Monsieur le Préfet,

    Nous avons pris connaissance avec attention de l’entretien que vous avez accordé à la Dépêche du Midi, qui en a publié la teneur dans son édition du 13 décembre.

    Les appréciations que vous portez sur la Ligue des droits de l’Homme et les inexactitudes que vous formulez nous conduisent, à cette occasion, à nous exprimer sur les sujets abordés, en nous gardant de tout esprit polémique dans le cadre d’un droit de réponse que vous comprendrez que nous rendions public.

    « Cette note ciblait-elle les étrangers ? »

    Les documents dont nous avons eu connaissance établissent sans conteste qu’il s’agit bien de cela. En effet, la convocation qui avait été adressée aux organismes sociaux pour les réunir le 5 octobre 2007 mentionne que ce projet de « référents » se situe dans le cadre du « plan de

    lutte contre les fraudes à l’identité commises par des ressortissants étrangers, adopté par le comité interministériel de contrôle de l’immigration du 5 décembre 2006 » et vise particulièrement « les organismes recevant des ressortissants étrangers ».

    Nous ne pouvons accepter que vous sembliez vouloir faire entendre que notre association considérerait que « les étrangers ont le droit de faire des faux papiers »

    Il est bien entendu que l’établissement de faux documents est de nature pénale. Les organismes sociaux, que votre Direction de la Réglementation et des Libertés publiques a convoqués, sont confrontés à ce problème et ont leurs procédures pour y faire face. Les fraudes ne sont pas commises seulement par des étrangers.

    Nous présumons toutefois que lesdits organismes n’ont pas attendu, ni encore moins sollicité, d’être formés par la Police aux Frontières. Cette formation par une « mallette pédagogique » indique par ailleurs clairement l’objectif visé.

    Nous remarquons également, et sommes surpris, que l’Institution judiciaire, en l’occurrence le Parquet, est étrangement absente du processus engagé, les seuls interlocuteurs étant directement les services de Police et de Gendarmerie, et en particulier la PAF.

    Concernant la saisine de la CNIL par la Ligue des droits de l’Homme, la convocation adressée aux organismes sociaux mentionne qu’il s’agit de répondre à une logique de réseau

    Cela conduit bien évidemment à la constitution de fichiers (« étendre des fichiers au niveau national et avoir la possibilité de croiser ces informations », (…) « et pour cela instituer des réseaux de correspondants dans chaque organisme ou administration » dit la note du 10 octobre).

    Qu’est-ce, sinon du « fichage » au sens le plus détestable du terme, et dans une acception d’illégalité ?

    Que vous regrettiez que « le texte incriminé est effectivement mal tourné » et que telle « phrase est un peu maladroite » ne nous semble pas, en l’espèce, changer la signification réelle du dispositif mis en place, celui de la « chasse aux étrangers », évidente au niveau de l’Etat.

    À ce propos, si la signification cynégétique que vous donnez au mot chasse (« chasser, c’est tirer ») existe bien, il est d’autres définitions : « mettre, pousser dehors ; faire sortir de force » avec comme synonymes, entre autres : déloger, dénicher, exclure, expulser, refouler, rejeter, renvoyer… (Dictionnaire Le Robert)

    C’est bien de cela dont il s’agit, selon nous.

    Nous rappellerons, pour terminer, que la Ligue des droits de l’Homme est une association indépendante de tous les pouvoirs et partis.

    Dans ses statuts, il est notamment écrit :

    Elle combat l’injustice, l’illégalité, l’arbitraire, l’intolérance, toute forme de racisme et de discrimination (…) plus généralement toute atteinte au principe fondamental d’égalité entre les êtres humains (…) Elle lutte en faveur du respect des libertés individuelles en matière de traitement des données informatisées, et contre toute atteinte à la dignité, à l’intégrité et à la liberté du genre humain (…) Elle concourt au fonctionnement de la démocratie (…)

    Nous regrettons donc que vous ayez cru devoir qualifier d’« exploitation politicienne » les communications et déclarations publiques que nous avons faites sur le projet dont votre Administration est porteuse.

    Cela ne nous paraît pas devoir faciliter pas le dialogue républicain dont nous voulons être d’ardents défenseurs.

    Nous vous prions de croire, Monsieur le Préfet, en l’assurance de notre haute considération

    Jean-François Mignard, Président de la section de Toulouse de la LDH

    Rémi Cochard, LDH Toulouse, Membre du Bureau national de la LDH

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  • LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME A SAISI LA CNIL

    Comme elle l’avait annoncé le 27 novembre 2007 à l’occasion d’une conférence de presse portant sur une note préfectorale qui, sous prétexte de « chasse à la fraude » vise à favoriser la chasse aux étrangers, la LDH a saisi la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés le même jour.

    Cette saisine porte sur le passage de la note précisant au titre des « Améliorations souhaitées hors formation » vouloir : « Etendre des fichiers au niveau national et avoir Ia possibilité de croiser ces informations sans croiser les fichiers nationaux car interdiction de la CNIL. Pour cela instituer des réseaux de correspondants dans chaque organisme ou administration ».

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  • Il y a un film sur la conférence de presse à ce sujet donnée par la Ligue des Droits de l’Homme le 27 novembre.

    Il est sur le site de Tv Bruits à cette adresse :

    http://tvbruits.org/spip.php?article796

    Cordialement,
    JLuc

    Voir en ligne : Le film : Plan de formation à la délation

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