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Dépression, la mort sociale

Article proposé le vendredi 21 décembre 2007, par Sylvie Litnhouvongs


J’ai fait une dépression il y a 15 ans. Je suis alors passée de la vie active à une vie d’invalide, touchant une pension assortie d’une interdiction de travailler : une mort sociale ! Témoignage de Sylvie, bénévole à To7.

Cette mise à l’écart du monde actif est devenue mon lot quotidien. Je ne suis pas bannie de la société mais je suis seulement considérée comme inapte au travail. Malheureusement je fais partie d’une génération de femme de l’après 68 qui n’a jamais envisagé d’être femme au foyer comme le fut ma mère.

J’ai travaillé par choix et par goût avec l’impression de me réaliser, j’ai assumé des responsabilités sur le plan commercial, social, politique… J’existais, j’étais connue, respectée, sollicitée, libre. Je travaillais à mon compte. J’aimais mon travail, j’étais reconnue par mes pairs, je me donnais sans limite. La dépression m’a clouée à la maison et m’a volé mon statut de femme active.

Quand je rencontre des inconnus cela me gêne d’avouer que je ne peux pas travailler ou pire que suis dépressive. Longtemps les amis m’ont entourée, m’ont téléphoné. Mais ils continuent tous à travailler, nous n’avons pas l’âge de la retraite, alors que leur raconter d’intéressant ?

Pendant quelque temps j’ai continué à jouir de ma réputation sociale de commerçante. Très vite le monde m’a exclue. J’ai le sentiment de perdre complètement pied, d’être dépassée. Par quoi ? Je l’ignore, mais je sais qu’il n’est pas agréable de se retrouver sur la touche, de n’être plus dans le coup. J’ai honte de mon inactivité.

La dépression plus la mise en invalidité m’ont fait perdre confiance en moi, en mes capacités. J’ai peur, je doute, je recule, je m’arrête. La dépression agace, effraie. Elle est incomprise parfois invisible, handicapante mais l’invalidité, elle est socialement avilissante. Ma seule pension d’invalidité ne me permettant pas de vivre.

Mon mari me comprend, me soutient et assure désormais l’essentiel des revenus familiaux. Mais j’ai perdu mon autonomie financière. Difficile à supporter quand on a toujours voulu ne rien devoir à personne ! Ne plus gagner beaucoup d’argent m’a déstabilisée, diminuée, rendue vulnérable.
Bien sûr j’ai des loisirs, je vais au cinéma toute seule à 11h du matin. Je me promène dans des endroits reposants dépeuplés en semaine Je flâne, je « donne du temps au temps » comme dit mon psy.

Mais souvent aussi je sors aux heures de pointe pour prendre le métro m’énerver contre les retards avec les autres voyageurs, attendre le bus, avec les autres, les travailleurs toujours pressés comme si je l’étais moi encore.

Finalement j’ai trouvé une association, To7 pour ne pas la nommer, qui m’a permis par le biais du bénévolat de reprendre un peu d’activité : rencontrer des inconnus, conversation, aller vers les autres. J’ai du donner un autre sens à ma vie et j’ai retrouvé un statut social, celui de bénévole.

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