Depuis décembre 2009, une trentaine d’habitants de Tournefeuille se réunissent deux fois par mois dans le but de venir en aide aux personnes sans papiers. Ecouter les personnes, les soutenir dans leurs démarches, les accompagner à la préfecture ou devant le tribunal administratif, « leur donner du temps pour être tout simplement à leurs côtés, voilà ce que nous faisons » nous dit Josette qui fait partie du collectif.
Tout a commencé avec Anette qui disposait d’une parcelle de terre dans les jardins familiaux de Tournefeuille. Venant de recevoir une obligation à quitter le territoire, cette géorgienne de 60 ans raconte son histoire à la responsable des jardins. Son mari est arrivé en France le 12 juin 2001 et a obtenu l’asile politique en 2003. Anette est arrivée en juin 2004 mais elle va recevoir un avis d’expulsion alors que sa fille a obtenu la nationalité française. L’histoire d’Anette émeut plusieurs habitants de Tournefeuille qui décident de prendre contact avec le collectif Sila de Cugnaux.
Quinze jours après c’est Nevzat, qui voyant sa demande d’asile rejetée, raconte son histoire à plusieurs personnes. Jusqu’alors, on ne connaissait Nevzat que parce qu’il suivait des cours d’alphabétisation dans le cadre de l’amicale laïque de Tournefeuille.
Nevzat est kurde, il a fui la Turquie en 2005 caché dans un camion. A cause de ses opinions politiques, il était menacé d’emprisonnement. Il se réfugie en France et rejoint deux oncles et ses cousins à Tournefeuille. C’est alors qu’il tombe amoureux de Stéphanie avec qui il se marie en septembre 2008. Nevzat faisant aujourd’hui l’objet d’une obligation de quitter le territoire français, la police est venue à trois reprises chez lui sans succès pour le reconduire à la frontière.
C’est en découvrant des trajectoires de vie comme celle d’Anette ou de Nevzat qu’un noyau de personnes vivant à Tournefeuille a décidé de se mobiliser. Ils créent un site « Collectif Tournefeuille sans papiers », font des appels à pétition. Ils veulent ouvrir les consciences car l’immigration ne tombe pas du ciel. Oui, des hommes et des femmes sont prêts à tout pour chercher une vie meilleure ou fuir une vie impossible. De quoi sont-ils coupables ? Ils ne sont que l’incarnation des désordres de ce monde. « Nous dans le collectif, nous ne voulons pas fermer les yeux » nous dit Josette. Et très déterminée, elle ajoute : « Quelles que soient les conséquences nous ferons tout pour aider nos frères et nos sœurs en humanité ».
Josette et Alan lors d’un repas-débat à TO7
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