Un jeune français, sortant de la boulangerie avec deux baguettes de pain sous le bras et
Arthur, son perroquet qui parle, provoquant un accident… Voici la première image qui
apparaît dans la tête d’un jeune allemand quand il pense à la France. Meilleur ami de chaque
Allemand étudiant le français à l’école, le livre contenant cette fameuse phrase a beaucoup
influencé la pensée de toute une génération sur ce pays voisin de l’autre rive du Rhin.
Pour éviter la désertion intellectuelle après le bac, j’ai choisi d’effectuer un service civil à
l’étranger plutôt qu’un service militaire en Allemagne. A l’âge innocent de 19 ans et avec
le peu d’expérience que j’avais, me voilà donc plongé dans cette aventure linguistique et
culturelle au sein de TO7.
Après plus de trois mois passés dans ce joli coin de France, où les gens parlent avec un
accent venu d’Afrique (l’accent du Sud), où l’on voit des gens habillés comme des esquimaux
lorsqu’il fait 10 degrés en pleine saison d’automne, râlant lorsque la température baisse en-
dessous de 5 degrés.
Souffrant d’une phobie des langues étrangères, ils trouvent comme seul moyen pour fuir cette
misère, la création d’abréviations pour chaque mot afin de déconcerter tous les étrangers.
De plus, leur manque de ponctualité et leur mode de vie selon la parole « cum tempore »
coûtent surtout à un allemand une bonne dose de patience.
Cependant, chose étonnante, ils savent bien manger ces français ! Ce n’est donc pas un hasard
si on dit : « Manger comme Dieu en France. » ! (Proverbe allemand)
Cependant, la France que j’ai connue ces derniers mois représente beaucoup plus que cela.
Pour moi, c’est surtout un quartier multiculturel comme le Mirail qui montre très bien la
diversité et l’inégalité d’une société, ses engagements, ses forces, mais aussi ses faiblesses.
La vie quotidienne dans une association comme TO7, qui est un lieu convivial, « ouvert » à
tout le monde, reflète cette société.
Dans ce miroir, je vois une société très attentive et émancipatrice qui exprime son opinion,
n’hésitant pas à aller dans la rue. Contrairement à un ras-le-bol de la politique très dominant
en Allemagne, la participation du pays entiers à de nombreuses manifestations contre la
réforme des retraites, mais aussi une forte opposition contre la pratique des expulsions des
Roms ont relevé la participation active des Français.
Dans l’accueil des gens et l’accompagnement des démarches administratives, on remarque
cependant une certaine complexité ainsi que des difficultés d’accès à l’appareil administratif,
qui mèneront tôt ou tard vers une exclusion de certaines parties de la population.
Ensuite, j’étais positivement étonné par les efforts qui sont fait autour des personnes
handicapées et des familles. Il y a peu d’Etats en Europe où l’on facilite la vie de ce groupe,
souvent oublié, qui soient aussi efficaces qu’en France et où les chiffres démographiques aient
un développement si positif.
Finalement, j’y apprends non seulement à remplir des dossiers et à écrire des lettres,
mais aussi et surtout à vivre avec des personnalités ayant des histoires et des situations
complètement dissemblables, à respecter ces individus et à m’intéresser à chacun d’entre eux.
Et tout cela dans un quartier très vivant, où l’on voit vraiment ce qu’on pourrait appeler « la »
France.
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