T-O-Mirail Reynerie Bellefontaine Bagatelle Pradettes Faourette Lafourguette Mirail-Universite Basso-Cambo tous les quartiers
Accueil > Les Associations > Les associations du quartier > TO7 > Les articles du Sept > Le Sept Numéro 152 - Juin 2014 > Attention, lire peut donner des idées

Attention, lire peut donner des idées

« LA FIN DU COURAGE » Cynthia Fleury

Article proposé le mercredi 9 juillet 2014


UNE DRÔLE DE FICHE DE LECTURE

C’est grâce à l’assemblée régionale du Crédit Coopératif, que j’ai fait, le 24 avril dernier, connaissance de Cynthia Fleury. Elle animait avec Hugues Sibille, une conférence sur le courage et l’innovation en temps de crise. Tellement formidable que je n’ai pas hésité à acheter son livre : “ La fin du courage ”.

C’est à cause de cette période d’élections à répétition, caractérisée par des désinformations scandaleuses, un électoralisme de bas étage, une lâcheté généralisée, un manque de courage de tous, des taux d’abstention records qui ne sont pas du courage, tout au mieux des signes d’indifférence, que je n’arrive pas à décolérer et que je tombe dans le désespoir…
Quel rapport entre les 2 ? Un livre :
« LA FIN DU COURAGE »

JPEG - 5.8 ko

Cynthia Fleury, née en 1974, est philosophe et psychanalyste. Elle enseigne la philosophie politique à l’American University of Paris, à l’École polytechnique, fait de nombreuses conférences, fut chercheure dans différents laboratoires (Conservation des espèces, Restauration et Suivi des Populations (CERSP), Museum National d’Histoire Naturelle / CNRS). Elle a publié de nombreux ouvrages dont en 2005 “Les pathologies de la démocratie” et en 2010 “La fin du courage”.

Cet ouvrage comporte 2 parties :
La 1ère voit la fin du courage du point de vue personnel, individuel, point de vue de la psychanalyste à travers ses patients : chacun a pu expérimenter la phase d’épuisement, d’érosion de soi, qui nous laisse au bord de l’abime, au renoncement de tout : la grande dépression. Comment en sortir ? Comment reprendre courage ? Comment redevenir son « propre agent de son » agir ? " Comment redonner du sens à sa vie que l’on trouve absurde ?

La 2ème, est un point de vue plus collectif et politique : combien le courage est nécessaire à la démocratie, combien il est absent et comment il peut être un outil de protection du sujet et de régulation des sociétés. Sans lui, les sociétés deviennent absurdes.

Sa double formation de philosophe et de psychanalyste appliquée à la société nous donne à voir une analyse originale de nos mœurs : interaction des relations des individus entre eux et avec les politiques, fondements de leurs comportements, dérives jusqu’au mensonge complet et dévoiement. Et c’est extraordinaire, elle le fait en analyste, c’est-à-dire sans jugement et sans colère !

A chaque période historique, la philosophie politique se demande quels sont les piliers, les valeurs de la société ?
Acte I en France, un des piliers structurants a d’abord été la Vertu et la Raison, situées du côté du peuple et non du roi. Mais cette révolution a amené « la Terreur », assez mortifère…
Puis, acte II, la Vertu a été remplacée par la notion plus libérale de « l’intérêt bien entendu ? », qui a donné toutes les crises, tous les abus, la démocratie du bien pour tous, des besoins de chacun, amène aux besoins de « certains » !
« Nous avons produit une démocratie automatique : une démocratie procédurale, faite de droits formels. Sur le papier, nous sommes champions mais sur l’incarnation vivante, sur l’in vivo social de la démocratie, nous ne sommes pas au rendez-vous ».
Les grandes vertus démocratiques ont été instrumentalisées pour amener des majorités façonnées, (qui n’a pas vu d’hommes politiques, condamnés pour abus de confiance ou trafic d’intérêt, inéligibles pendant quelques années, réélus dès qu’ils se sont représentés sans complexe !) des citoyens infantilisés ( c’est la faute à l’Etat, c’est la faute à l’Europe, j’ai droit à la transparence (des autres), au risque zero.
A bas la fraude fiscale mais moi je fraude si peu !)
« Trop scinder le politique et l’éthique nous mène dans le mur » dit l’auteur qui propose un troisième acte : rétablir le courage en réarticulant éthique et politique, morale et politique.
Le courage est une affaire de lien selon trois dimensions.
1/ c’est d’abord le lien avec le sens. On n’agit pas en faisant le deuil du sens : il n’y a pas de clivage du sens et de l’agir.
2/ le lien avec les autres. Même si le courage fait rupture, dire non ou le fait de se mettre en marge, c’est toujours pour garder un lien plus qualitatif avec la communauté, avec les autres.
3/ c’est un lien avec l’avenir. « Ici et maintenant », c’est dire oui à l’avenir dit C.Fleury.

Par manque de courage du citoyen, des politiques, des élites, par acceptation des faux discours sur le « parler vrai, le courage, la responsablité, le service, la transparance… » des mots qui ne reflètent plus aucune réalité… Les rouages de la républiques sont instrumentalisés pour nous infantiliser et nous transformer en mouton….

Nous avons tous dans notre société, l’expérience très concrète, de politiques ou puissants actuels qui revendiquent leur courage, « à parler de rupture et parler vrai » mais qui ne sont que bouffonerie. « Une parfaite mise en scène de la non exemplarité ».
Il faut récupérer du courage pour se retrouver « sujet » et non plus « objet » (ou mouton) et comprendre que la démocratie n’est pas un statu quo mais un rapport de forces permanent.

Vous l’avez bien compris : j’ai été incapable de faire une vraie fiche de lecture d’un livre aussi riche, aussi savant et donc pour moi, difficile ! Malgré le vocabulaire quelquefois inconnu (mais toujours expliqué), j’ai été passionnée par ce travail d’analyse où s’articule l’individu et le collectif, où l’on démontre qu’il ne peut y avoir de démocratie sans sens de la vie, qu’il ne doit pas y avoir de hiatus entre Idéaux et Pratiques. Il est clair que le petit courage de tous les jours, celui de dire « oui » ou
« non », est trés fatiguant, trés risqué ! Mais Cynthia Fleury démontre que « le prix de la lâcheté est plus élevé que celui du courage ».

Lisez Cynthia Fleury, ou mieux, allez l’écouter, même en vidéo sur internet. Ce petit bout de femme , qui a l’air si calme, est aussi claire et mobilisatrice que l’était Jaurès, qu’elle cite d’ailleurs.

France Flamand

Répondre à cet article

Contact | SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | Florence Corpet, webmaster