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Les demandeurs d’emploi s’invitent dans le dialogue social

Article proposé le jeudi 8 mars 2007, par Emmanuelle Deleplace


Les associations Solidarités Nouvelles face au Chômage et le Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP) ont organisé, le mercredi 7 février, une rencontre qui a rassemblé 300 personnes à Paris pour évoquer les réalités vécues par les demandeurs d’emploi avec les employeurs et avec les institutions du service public de l’emploi. Une rencontre historique entre les mouvements de chômeurs et les présidentes du Medef et de l’Unedic.

Christine, habitante de la Reynerie, avait le trac quand elle est montée sur scène. D’autant que c’était quasiment elle qui ouvrait le bal. Mais face à Laurence Parisot, présidente du Medef, elle ne s’est pas démontée. Elle a même dit haut et fort qu’elle ne voulait pas faire pleurer sur son sort mais au contraire qu’elle souhaitait que son témoignage prenne tout son sens politique et fasse évoluer les mentalités.

Christine a raconté son expérience professionelle de fille issue d’un milieu populaire :l’école arrêtée trop tôt, quinze ans de boulots parfois intéressants mais toujours mal payés, puis la reprise des études qui l’amènera à décrocher une formation universitaire de niveau bac+4 de responsable d’études et de projet social.

Un code postal et un nom de famille qui font passer la candidature au panier

Le social c’est l’associatif, l’associatif c’est fragile. Des subventions qui diminuent ce sont des postes qui disparaissent. Christine a compris pourquoi elle s’est retrouvée au chômage. Ce qu’elle a eu plus de mal à admettre, c’est qu’habiter un quartier populaire, être mariée à un Algérien et être à la recherche d’un emploi depuis un an 1/2 était un handicap, même pour un poste de conseiller en insertion. Car même pour un travail social, elle a été victime de discrimination. Evidemment on ne le lui a pas écrit mais elle a su par une relation que son code postal et son nom de famille avait suffit à faire passer sa candidature directement dans la poubelle.

Marie Lacoste, responsable de la maison de chômeurs Avenir (Toulouse-Rangueil) a confirmé : Christine n’a pas le « bon profil ». « Le profil idéal du candidat à l’emploi : c’est un homme, entre 28 et 45 ans, diplômé, d’origine française, sans handicap, avec une voiture et qui n’a pas connu de chômage de longue durée. On parle beaucoup, en ce moment de cette discrimination, parce qu’elle a un retentissement grave, notamment dans les quar-tiers. Les préjugés des employeurs sont nombreux concernant les personnes dont la peau n’est pas blanche ou dont le nom ne sonne pas bien français : leur capacité à travailler serait inférieure, ils seraient moins sérieux sur leur poste de travail et surtout ils pourraient effrayer les clients qui, c’est bien connu, sont tous racistes ! »

« La discrimination au code postal (31100 pour le Mirail) est également bien réelle, les personnes vivant dans les quartiers qualifiés pudiquement de « sensibles » ont des difficultés à trouver du travail parce que les employeurs imaginent qu’ils vont nécessairement être asociaux, violents, mal éduqués, où issus d’écoles de faible niveau. Pour autant, au cours des procédures d’embauches, ces clichés ne sont jamais exprimés clairement, chacun ayant conscience des peines encourues. »

La responsable d’Avenir a alors demandé à Laurence Parisot si les patrons s’attribuaient une responsabilité dans les discriminations observées et s’ils pensaient avoir un rôle à jouer pour les prévenir.
La présidente du Medef a avoué qu’elle avait beaucoup de mal à bousculer sa propre organisation sur ces questions. Elle s’est engagée à essayer de faire changer les mentalités. Mais pour Laurence Parisot, la discrimination disparaîtra naturellement avec le plein emploi. Un plein emploi qui pourra être obtenu en baissant le coût du travail, les charges qui pèsent sur les entreprises et en dispensant une formation mieux adaptée aux besoins des entreprises.

« On ne peut pas penser les questions sociales que vous posez sans accepter de faire ce lien avec la problématique économique des entreprises », a-t-elle expliqué avant d’engager un échange assez vif avec Frédéric Tiberghien, ex-PDG de Vedior-bis et président d’honneur de l’Observatoire sur la responsabilité sociale des entreprises.

Reconnaître qu’on discrimine

Ce dernier reprochait aux entreprises françaises d’être parmi les plus discriminantes au monde dans leur processus de recrutement et de ne pas vouloir le reconnaître. « Quand j’étais dirigeant d’une entreprise d’intérim, je rencontrais des chefs d’entreprise qui se plaignaient de ne pas trouver de personnel parce qu’ils ne voulaient que du « bon gaulois ».

Le dialogue avec Annie Thomas, présidente CFDT de l’Unedic a finalement était plus convenu. Au MNCP qui demandait à être associé à tous les organes de décision concernant les demandeurs d’emploi, elle a botté en touche en expliquant que les débats sur la représentativité étaient en cours. Elle s’est dite opposée au statut proposé par les associations, de vie sociale et professionnelle garantissant le maintien d’un revenu et de droits sociaux (formation, retraite…) car pour la CFDT le statut doit rester connecté au travail. Mais elle a admis qu’il fallait réfléchir à des droits transférables notamment en matière de formation ou de complémentaire santé.

C’était la première fois que des mouvements de chômeurs et d’aide aux demandeurs d’emploi rencontraient l’Unedic et le Medef. Un exercice inhabituel dans les pratiques du dialogue social français dont les deux associations espèrent qu’il ouvrira la porte à d’autres échanges.

Portfolio

  • Laurence Parisot et Frédéric Tiberghien
  • Marie Lacoste, Maison de chômeurs Avenir ,Toulouse-Rangueil (à gauche) et (...)

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