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Marie-Hélène

Article proposé le mardi 25 septembre 2001


Dans les étages où je vais aller visiter les familles en équipe de bénévoles, les Maghrébins me tutoient. Moi je les vouvoie. Je suis empêtrée dans cette modalité d’échange. Mais je comprends très vite que ça n’a pas d’importance.

D’étages en étages, la détresse. Les détresses mélangées. Il faut trier les lentilles. Ne pas tout confondre. Il y a la détresse de la maison démolie, du froid qui arrive et du vent qui se lève, de l’orage qui menace. La détresse de l’école fermée.

Et puis il y a le fond de la détresse. L’isolement s’impose à moi.
Mais pourquoi ? Pourquoi cette soumission ? Pourquoi cette passivité ? Pourquoi ces conflits entre voisins partageant la même détresse ?

J’ai l’impression souvent, que je suis un martien sur cette putain de planète. J’ai 45 ans, je suis vraiment trop naïve.

Lundi soir.
Je suis totalement épuisée. J’ai envie de pleurer. Mais c’est coincé là.
J’avais déjà vécu ça, une fois. La boule qui ne laisse plus rien passer. J’ai l’impression d’être une éponge. J’ai essuyé la table, mais je suis gorgée des paroles, des regards, mains qui se tendent, des silences et des non-dits.
Il faudrait que je m’essore d’urgence.

Cauchemars. Nuit agitée.

Mardi matin.
Repartir. Remonter les étages. Faire éponge à nouveau.

Question : Et si ça sert à rien ce qu’on fait ?
Angoisse.

Marie Hélène.

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