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Evacuation brutale des Castalides, destruction de logements en bon état (GPV), mépris des gens : la Mairie, et l’Etat ont fait le choix de traiter la question du logement comme toutes les autres questions (droits, travail, papiers…) par le sécuritaire, par la stigmatisation des pauvres et par le racialisme.

Des habitants proposent des pistes pour un autre choix, pour que le mépris cesse, et pour que chacun soit logé correctement.

Article proposé le lundi 14 octobre 2013, par Jean-Louis


1) Le 29 août, l’immeuble des Castalides au Mirail est évacué par la police.

Pour cette opération, 2 hélicos, des dizaines de cars de police, le GIPN sont envoyés sur place : au petit matin, une équipe du GIPN est hélitreuillée sur le toit de l’immeuble, la route principale, qui ne passe pas devant l’immeuble, est bloquée, l’immeuble lui-même est investi par la police et appartement par appartement les habitants, principalement des familles, sont délogés et évacués.

Qui était dans l’immeuble, quelles étaient les craintes de la Préfecture ? de dangereux terroristes, des gens qui s’étaient armés et qui avaient décidé d’en découdre avant de sortir ?
Non, rien de tout cela. Mais des hommes, des femmes, des enfants dans une grande misère, dans un grand désarroi, qui vivaient là parce qu’ils ne pouvaient pas habiter ailleurs. D’ailleurs, eux-mêmes avaient surnommé leur immeuble « l’immeuble de la honte » en raison de son insalubrité et de son délabrement.

2) Deux mois auparavant, l’immeuble avait, à juste titre, été déclaré insalubre par la Préfecture. Pendant ces 2 mois, malgré les risques connus et reconnus, Mairie et Préfecture ont laissé les habitants en place, y compris les locataires d’appartements rachetés par la Mairie, sans utiliser ce temps pour trouver sereinement des solutions permettant de reloger tous les résidents des Castalides.

3) Au contraire d’une démarche apaisée, les autorités ont fait le choix d’une évacuation violente avec déploiement spectaculaire de policiers armés. Choix systématique, qui s’inscrit dans le droit fil de la politique étatique depuis Sarkozy, et ce quel que soit le gouvernement : l’état a décidé de traiter ainsi par la violence, la police et l’exacerbation des tensions, toute contradiction, toute difficulté rencontrée par les plus pauvres et les plus précaires dans le pays. Quitte ensuite à rendre ces mêmes personnes responsables de ces tensions et de ce climat.

Les « responsables politiques » nous expliquent à longueur de déclarations qu’à part ce choix rien d’autre n’est possible. Témoin les récentes déclarations de Valls sur la prétendue incapacité des roms à vivre en France.

Il est pourtant facile, possible, raisonnable de faire autrement : il est possible d’écouter ce que les personnes concernées ont à dire, à proposer, en tenant compte de leur vie (scolarité des enfants, difficultés financières pour accéder à un logement décent etc…), il est possible de discuter, de trouver un accord, de travailler à ce que les choses aillent mieux, au lieu de tout mettre en oeuvre pour les empirer.

Manière inquiétante de gouverner et de gérer une ville où la vie réelle des gens n’est jamais prise en compte, la vie des gens, des plus pauvres, n’étant là que pour contrarier les plans, les politiques, les choix des « décideurs » ! Mépris total et général, où les gens tels qu’ils sont ne conviennent pas aux politiques, les gênent, les retardent dans leur plan d’urbanisme, de modernisation ou bien leur plan économique !

4) Ce qui s’est passé aux Castalides est aussi à rapprocher de la question générale du logement à Toulouse. Les habitants qui ont été délogés avaient manifesté 2 mois auparavant en bas d’un immeuble de 74 logements T4 et T5 en très bon état que la Mairie est en train de démolir dans le cadre du GPV (Grand Projet de Ville). Ce jour-là, des personnes sans logement ou mal logées (dont ceux des Castalides étaient venues rencontrer les habitants de cet immeuble y vivant encore et d’autres opposés à la démolition pour proposer ensemble une solution de bon sens : arrêter de détruire des beaux appartement en bon état et y reloger les mal-logés, plutôt que de les expulser pour ensuite les envoyer à l’hôtel, en mobil home, ou dormir à la belle étoile. Réponse de la Mairie : « nous avons pris notre décision, nous ne reviendrons pas en arrière ».

5) Il s’agit de trouver les termes permettant que la question du logement puisse être posée autrement que par le biais de « l’urgence », du « logement d’urgence », car par ce biais-là on est prisonnier de la débrouille et de la guéguerre avec la mairie et la préfecture (occupation/évacuation/occupation…), ou en recherche permanente de subventions pour loger les gens à la rue.

Trouver les termes, c’est dire permettre aux gens eux-mêmes, confrontés de manière multiple à la difficulté du logement (expulsés, délogés, à la rue, pas assez de ressources pour les logements sociaux, hébergés…) d’en parler, de trouver les mots pour s’adresser à tous, pour tous.

6) Comment faire ? Quelques propositions, quelques points de repère issus de notre travail :

• il y a un lien à Toulouse entre ce qu’on peut appeler la crise du logement et la politique du GPV et de la restructuration de la ville. Ne pas faire ce lien, ne pas le penser, empêche toute bataille d’ampleur et limite les choses à répondre à « l’urgence ». Le GPV, il faut le redire, c’est bien souvent la destruction de beaux et grands appartements, au nom « d’un bon urbanisme ». « Bon urbanisme » qui oublie les gens, leur vie, leur choix possible quant à où et comment ils veulent vivre (comme ce qui se passe à Reynerie avec des habitants qui se sont regroupés autour des affirmations : « nous ne sommes pas de la poussière » et « partir ou rester, c’est à nous de décider » ).

• C’est pour cela que nous proposons de travailler pour gagner un moratoire sur les destructions de logements en bon état (comme à Reynerie, Empalot, les Izards…) tant que les habitants ne sont pas relogés comme ils l’entendent et tant qu’il reste des gens mal-logés ou pas logés du tout.

• Le logement doit être réfléchi du point des gens et non du point du « bon urbanisme » mis en oeuvre pour éloigner les plus pauvres de la ville.

• Avoir nos propres points de repère en ce qui concerne le logement pour tous : par exemple, ne pas faire dépendre l’accession à un logement social de ressources minimum ; ne pas lier papiers administratifs et accession au logement etc…

• Ce qu’on appelle les « problèmes de logement » c’est un processus destructeur qui peu à peu va jusqu’à mettre des personnes, des familles entières, à la rue. Tout le monde sait que la perte d’un logement stable change complètement la vie (perte du travail et impossibilité d’en trouver, enfants coupés de l’école, vie familiale remise en cause…). On peut agir, trouver des chemins collectifs avant de se retrouver dans une telle situation.

Les quartiers populaires ont aujourd’hui une véritable fonction de solidarité. Les détruire au nom d’une pseudo « mixité sociale », c’est détruire cette solidarité, dernier rempart permettant à certains de s’en sortir encore, de ne pas sombrer dans une misère encore plus grande ou de ne pas se retrouver à la rue.

• Mettre en avant des principes qui parlent pour tous et qui permettent de constituer dans la durée une puissance et une capacité des gens eux-mêmes ; et ainsi réussir à avoir une longueur d’avance et à engager un travail de fond pour le logement pour tous, en se dégageant de la ‘réponse à l’urgence" comme impératif principal.

Nous proposons de discuter de ces points, de les mettre en débat, d’enquêter minutieusement sur les différentes réalités de « la crise du logement » à partir de ce que chacun peut en dire. D’engager toutes les batailles nécessaires et possibles pour que cessent le mépris et la précarisation. Ce travail est proposé à tous, et est à la portée de tous.

CEUX QUI VEULENT LE PAYS POUR TOUS

Pour nous contacter : Tél. : 06-13-06-94-62 ; Mail : ouvriersgensdici free.fr ; Site : http://ouvriersgensdici.free.fr ou ouvriersgensdici.net

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