Bonjour et merci Brigitte.Z pour votre article intitulé ‘Dalaï Lama pas si zen’ publié dans le n° 141 qui me donne l’occasion d’apporter ma petite pierre à l’édifice.
En effet, vous vous basez sur le livre de Maxime Vivas disant que le Dalai Lama “ex théocrate au Tibet, pratiquait l’esclavage et le servage jusqu’à son exil en Inde en 1959”.
Mais que s’est-il passé au Tibet à cette date ? Quelle est l’histoire factuelle de ce pays dénommé “le Toit du Monde” et qui jouxte la Chine ?
La Chine où, en 1949, un dénommé Mao Tsé Toung avait pris le pouvoir pour, en 1950 avec une armée de 40 000 hommes envahir le Tibet défendu par une poignée de 8500 hommes. Ce fut le début de la colonisation et de la sinisation du Tibet qui lança un 1er appel à l’aide auprès de l’ONU.
Sachez Brigitte, que ce vaste pays jadis de 6 millions d’habitants a un sous sol qui regorge de minerais tels le fer, l’or, le cuivre, uranium et plutonium, borax, pétrole et schistes bitumineux mais c’est aussi et surtout le château d’eau de l’Asie où naissent les grands fleuves comme la Salouen, le Mekong, le Yang Tsé Kiang, le Brahmapoutre. La voie ferrée inaugurée en 2006 donne ainsi accès à l’extraction de ces richesses minérales qui ne profiteront qu’aux milliers de Hans déversés quotidiennement sur le sol tibétain par ce même train.
Revenons à l’année 1950 lorsque les troupes chinoises envahissent Lhassa, Tenzin Gyatso n’avait que 15 ans, devant la menace, il fut éloigné de la capitale et nommé Dalaï Lama. A cet âge-là, peut-on parler de responsabilité ?
En 1951 le Tibet devint partie intégrante de la Chine. De nombreux soulèvements s’en suivent car la liberté religieuse, pourtant promise par la Chine, est bafouée, le pays est dépecé, la réforme agraire a amené la famine, la confiscation des sols et les nombreuses humiliations ont réduit les Tibétains à des citoyens de seconde zone face à l’invasion de l’ethnie Han. 2ème appel infructueux auprès de l’ONU, ce qui nous amène à l’année1959, année de la révolte anti chinoise du Tibet, approuvée par l’Inde qui a accueilli le Dalaï Lama poussé à l’exil.
Défenseur de l’analphabétisme ? En exil en Inde où l’ont rejoint plus de 100 000 tibétains, le Dalaï Lama représente le symbole du maintien de la culture tibétaine. Il y a ouvert des écoles qui assurent l’enseignement des jeunes enfants et des instituts supérieurs pour l’étude de disciplines tibétaines traditionnelles tels que la médecine, la philosophie, la danse, les tantras, etc. et a continué à négocier avec le gouvernement chinois.
Théocrate ? Chef du gouvernement tibétain en exil, il a proclamé la 1ère constitution du Tibet en 1963, son gouvernement possède un Parlement, une Cour suprême de justice et un Cabinet, le Kashag dirigé depuis peu par son 1er Ministre, le Dr Lobsang Sangay, élu par la diaspora tibétaine qui a trouvé refuge dans plus de 30 pays hors Tibet.
Faut-il mentionner, Brigitte, les années de famine de 1950, la Révolution dite culturelle, les années 1966 à 1978 pendant lesquelles l’armée des Gardes Rouges chinois a détruit 6000 monastères ? Faut-il mentionner le million de mort Tibétains ? Faut-il mentionner Amnesty International, un média fiable et reconnu, qui dénonce régulièrement les violations des droits de l’homme perpétrées au Tibet (tortures, brutalités systématiques à l’égard des Tibétains) ?
Aujourd’hui le Dalaï Lama a décidé d’être un simple moine sans pouvoir politique.
Aujourd’hui des dizaines de laïcs, de nonnes et de moines s’immolent par le feu afin que nous n’oublions pas leur pays opprimé, le Tibet.
Suggestion de bibliographie : Claude Levenson, Marie-Jaoul de Poncheville, Heinrich Harrer, Pierre-Antoine Donnet, Cabu, Michel Peissel, Olga et Arnaud de Turckheim, Jean-Claude Carrière, Jacques Lanzmann, Alexandra David-Neel.
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