Le 20 novembre 2008, deux membres du conseil scientifique d’ATTAC à Toulouse sont venus à TO7 pour expliquer la crise financière : la crise n’est pas un accident, elle devait se produire. On a recherché des « boucs émissaires » : les parachutes dorés, les traders fous. En fait, c’est le système qui est en cause. Le capitalisme fonctionne par cycles. La crise actuelle marque la fin d’un cycle du capitalisme qui a commencé en 1945. La phase A a duré jusqu’en 1975. L’économie est installée sur la fabrication et la vente de produits qui rapportent entre 2 et 4% aux actionnaires des entreprises. Au cours de la phase B qui démarre en 1975, l’activité est fondée sur la finance, avec une dérégulation du contrôle des mouvements de capitaux. La spéculation sur les prix n’a plus de lien avec l’économie réelle. Actuellement, on arrive à la fin de la deuxième phase du cycle. Les rendements des capitaux ont augmenté, pour passer à 15/20%. Le système s’est installé pour produire du rendement des capitaux.
- Les banques : Elles sont de deux sortes. Les banques de dépôt prêtent aux entreprises et les banques financières assurent les prêts. Pour tous ces acteurs, des masses financières énormes sont en jeu. Avec internet, en quelques secondes, il existe une liberté de manoeuvre totale sur une masse énorme, ce qui peut engendrer des dégâts considérables sans contrôle. On spécule sur cette énorme masse financière. C’est ce qui s’est produit avec la bulle spéculative sur les nouvelles technologies. Les grands investisseurs y ont mis de l’argent en espérant en tirer des bénéfices. Le fait d’acheter fait monter le prix. D’autres investisseurs achètent alors. Les prix montent jusqu’au moment où la spéculation s’effectue à la baisse. Les liquidités sont alors injectées ailleurs : les matières premières, l’immobilier américain. Dans ce cas, les banques vendaient des prêts à taux variables, qui se sont soldés par la saisie des biens causée par l’impossibilité des emprunteurs à rembourser les créances aux banques. En phase de spéculation descendante, les banques ont revendu les titres de créance : les reconnaissances de dette ont été mélangées avec d’autres produits. Mais lorsque la bulle spéculative a éclaté, ces titres étaient sans valeur. La disparition d’actifs pour les banques ne leur permettaient plus de prêter, les banques ne se font alors plus confiance entre elles.
- Les fonds de pension : Il s’agit d’argent utilisé par les banques pour payer les retraites américaines sur toutes sortes d’entreprises du monde entier.
- La titrisation de la dette : C’est l’externalisation de la dette. Si les banques avaient elles mêmes payé leurs dettes, la crise aurait peut-être été localisée aux Etats-Unis.
Le processus de contamination a été provoqué par la nécessité pour les banques de rembourser des échéances. La vente d’actifs, par exemple en Afrique, a alors provoqué une spéculation à la baisse.
Le plan de sauvetage porte sur des sommes colossales. Les organismes monétaires injectent des liquidités sur le marché, mais les banques ne prêtent plus ces liquidités aux entreprises et aux ménages, ce qui provoque une crise économique et sociale. Les banques centrales injectent des liquidités pour éviter une faillite des grandes banques, par crainte du risque d’ »effet de dominos ». Il faut débarrasser les grandes banques des produits toxiques. C’est pourquoi on a injecté des capitaux publics , provoquant des nationalisations partielles et des prises de participation par les états.
Le premier scénario possible de sortie de crise a été proposé par le G20 : il porte sur des recherches de solution du côté des rémunérations des dirigeants ou de la réforme du FMI, mais rien n’est proposé concernant les opérations de titrisation. On recrée alors les conditions d’une nouvelle crise, d’une nouvelle « bulle » qui risque d’éclater.
On se rend compte qu’on se trouve dans un système économique « de casino », dans un capitalisme à courte vue. La notion de valeur pour l’actionnaire est apparue à la fin des années 80/ début des années 90, d’abord aux Etats-Unis, puis s’est étendue avec la globalisation financière. Au départ, il s’agit d’un changement du système de retraité américain. Après des années de gestion « de père de famille », avec la garantie du capital au salarié, le système s’est inversé. C’était le salarié qui devait supporter les pertes. Les grands fonds de pensions ont alors exigé des rentabilités financières beaucoup plus importantes, avec d’énormes préjudices pour l’économie réelle.
Y a-t-il des sanctions possibles ?
Les pays en développement ont proposé de répudier leurs dettes. Le problème est que le système à valeur actionnariale, est planétaire. Il est donc difficile d’agir à un niveau national. Les autres solutions possibles s’inscrivent dans des projets à plus long terme tels que le commerce équitable, le développement durable ou l’économie solidaire.