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« Bas les pattes, cette maison est occupée »

Article proposé le jeudi 24 avril 2014


A priori, rien d’extraordinaire dans la capitale allemande, habituée aux occupations de bâtiments. A Berlin-Ouest, dans les années 1980, de nombreux immeubles vides furent investis par de jeunes militants contre la spéculation immobilière, avant que le mouvement se propage dans toute la ville après la chute du Mur. La ville a choisi de soutenir des co-locations pour une rénovation douce de la ville, cela permet une vie beaucoup plus participative dans les quartiers.

Lundi matin, notre petit-fils, son père et nous-mêmes sommes parti voir le petit-prince, oh ! Pardon… Nous sommes juste allés une semaine à Berlin voir notre fils et nous avons vécu dans le squat où il est installé.

Il y a beaucoup de sites qui pourront vous parler des squats, voici ce que j’ai vu et ce que j’ai compris :

  • c’est dans un ancien collège d’un quartier de Berlin-Est, avec quatre étages qui sont organisés autour de deux grands escaliers ;
  • au rez de chaussée, est installée une association pour les jeunes du quartier (genre Voir et Comprendre) ;
  • le 1er étage est une maison des associations ;
  • à partir du 2éme étage sont installées les co-locations :
  • à droite du grand escalier est installée une co-location de familles avec enfants,
  • à gauche, des célibataires vivent là,
  • au centre, des étudiants de plusieurs nationalités.
  • dans l’autre escalier, il y a des célibataires avec enfants et un autre appartement pour jeunes.

Une seule personne signe le bail avec la ville, à elle de récupérer l’argent des chambres. Dans l’appartement où nous vivions, chacun avait sa chambre, une grande salle commune et deux salles de bain. Des réunions sont organisées régulièrement, bien sûr, ce n’est pas plus simple que la vie en famille même si c’est une sociabilité « choisie », elle peut être envahissante. Il faut penser que Berlin est une ville de jeunes de toutes les nationalités, là il y avait un français, des australiens…. et des allemands, tout de même !!!

Le loyer est modéré car chaque communauté s’engage à faire des travaux : par exemple, un jeune habitant, bricoleur confirmé, a fabriqué dans chaque chambre une mezzanine, un bureau et des étagères. Quand nous étions là, il installait la seconde salle de bain. Il donne de son temps pour le bâtiment, il vit des aides sociales.

Et, il y avait la chambre qui manque toujours, la chambre d’amis, pour le coach-surfing (réseau de recherche d’accueil par internet), donc le soir vous partez dans votre chambre en disant : « Bonne nuit » à certains et parfois, le matin vous dites « Bonjour » à d’autres…

Dans la cour du collège, j’ai été attiré par le jardin partagé et j’ai vu des roulottes : c’est une communauté de femmes qui vivent ensemble là depuis des années.
Dans un autre quartier dans un des no man’s land, nous avons vu un village de camions, pas moyen de vivre avec eux sans son camion…

Tout cela pour dire : il y a d’autres façons d’habiter, de co-habiter, de ne plus subir la société actuelle qui crée la solitude et la misère, le gaspillage. Bien sûr en France, tout cela existe, commence à s’organiser les co-locations pour les seniors, pour des jeunes. Mettre en commun les machines, c’est un intérêt social et économique.

Un entre-deux comme lieu d’invention. Ma génération voulait l’indépendance, ne pas vivre comme papa-maman, nous vivions encore dans l’illusion des trente glorieuses, pourtant nous avons vécu la première crise du pétrole. Nous n’avons pas pu protéger, pas su conserver les idées généreuses de 68… Nous pouvons nous servir de nos expériences pour mieux vivre ensemble, non ?


Françoise Boutiq-Marty

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