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Grand Projet de Ville ou comment sortir du ghetto

Article proposé le jeudi 3 mars 2011, par Thierry Delaveau


Réconcilier la ville et ses quartiers, telle serait donc la vocation du Grand Projet de Ville (GPV),
sur les rails depuis déjà quelques années. Noble ambition s’il en est, à laquelle je rajouterais
celle-ci : Réconcilier les quartiers avec eux-mêmes !

Cela, pourrait-on me répondre, se réalisera de façon simultanée, car la réponse est dans le tout
autant que dans le particulier, sans qu’il y ait dissociation entre les deux, et nous ne voudrons
qu’y croire assurément.

Car il s’agit bien ici d’un vaste programme, comprenant les quartiers Bellefontaine, Reynerie,
Mirail-Université, Bagatelle, Empalot et Faourette, pour lequel la population fut concertée et
devrait l’être encore à l’avenir si l’on en croit la municipalité.
Reynerie
Fort d’une somme de 696 M euros, le GPV se donne ainsi les moyens d’un réaménagement en
profondeur de quartiers jusqu’ici laissés à une lente dégradation physique et sociale. Qui plus
est après l’explosion de l’usine AZF !

Le terme de ghetto est désormais employé pour qualifier l’état de ces quartiers, reconnaissant
par là qu’il y a lieu et urgence d’y apporter une réponse appropriée. Selon les estimations,
le Grand Mirail accueillerait aujourd’hui environ 1/3 des logements sociaux de la commune
de Toulouse (10 044 logements).

Avec 49 500 habitants dont 30% de jeunes et un taux de
chômage atteignant 36%, l’objectif vertueux du GPV serait social avant tout, dans la volonté
de réduire massivement le chômage et l’insécurité, en privilégiant l’éducation, la prévention,
l’égalité et l’accès à l’emploi pour tous ; « Ce sont donc toutes les politiques publiques qui sont
mobilisées pour la réussite du GPV ».

L’Etat, la Ville de Toulouse, la Communauté Urbaine du Grand Toulouse, les Conseils Général
et Régional, les Organismes HLM et la Caisse des Dépôts et Consignations, entre autres, sont
ainsi appelés en renfort dans l’aventure de cette rénovation urbaine d’ampleur. Le GPV devrait
aboutir en 2015, et se poursuivre au-delà, avec cette mission essentielle du désenclavement
des quartiers par un maillage judicieux et concerté.

« Ce quartier est habité de mémoires, d’histoires et bien sûr de familles qui, pour certaines,
sont là depuis l’origine. Le projet doit être un projet de partage car les habitants sont les
acteurs – partenaires du site et l’on ne peut faire un tel projet qu’avec eux. Il y a donc nécessité
d’information, de concertation, mais aussi et surtout d’échanges.

Il faut pour cela mettre en place un projet qui s’installe sur le long terme, mais que, en même
temps, soient réglés très vite les problèmes du quotidien. Les règles de discussion et de travail
avec les habitants doivent être clairement posées par les élus qui ont la responsabilité de
faire évoluer la ville en général, et ce quartier en particulier, avec notamment ce que l’on peut
appeler les fondamentaux du projet, et l’écoute et la réponse aux attentes des habitants au
niveau de la sécurité, la tranquillité, le fonctionnement des unités d’habitations, de la gestion
des problèmes quotidiens … »

C’est ainsi ce que nous pouvons lire au sein de la plaquette
de présentation composée par les architectes de Bernard Paris et associés, le paysagiste
Alain Marguerit (Atelier des paysages) et leur équipe du Bazar Urbain (sociologues, bureaux
d’études, etc.), choisis à l’issu du concours organisé par le Grand Toulouse, pour renouveler le
quartier de la Reynerie.

Cinq projets à moyen terme (à l’horizon de 2014) sont désormais en proposition par nos
lauréats :

  • Ouvrir le quartier et le relier aux quartiers voisins Bellefontaine et Université Mirail,
  • Revaloriser la place Abbal et la replacer au coeur de l’urbanisation, à l’articulation avec l’axe Nord/Sud,
  • Transformer la rue de Kiev en zone piétonne,
  • Améliorer la qualité de vie en apportant des réponses en termes de déplacements, de revalorisation de l’espace public, de réhabilitation des logements,
  • Renouveler l’image du quartier, introduire de la mixité sociale et renforcer la diversité des fonctions (Des équipements publics devraient être réalisés : le centre Petite Enfance Jean- Gilles (dont les travaux commencent face à l’université du Mirail), le centre de l’Image (qui se situera place Abbal, face au lac et en bordure de la nouvelle rue piétonne de Kiev) et la bibliothèque du Mirail (Lizop)).

Il y a quelques temps le projet prévoyait la démolition de 2382 logements sur l’ensemble du
territoire du GPV ; pour les seuls quartier de Bellefontaine/Reynerie, à l’horizon 2011, il est
prévu la démolition de 148 logements (Poulenc, Glück), la réhabilitation de 137 logements
(Petit Varèse) et la construction de 800 logements (365 en accession sociale à la propriété
et 289 en locatif privé - dont 152 Foncière logement - et 165 en locatif social). Au total, 3286
logements seront reconstruits dans le cadre du GPV, dont 1980 sociaux et 1306 au titre de la
diversification sur les quartiers. Le plan de relogement prévoit quant à lui de reloger 50% des
ménages dans des logements neufs ou conventionnés depuis moins de cinq ans, et selon la
demande des locataires, soit à l’intérieur même du périmètre du GPV ou bien sur le reste de la
commune.

Un projet gouvernemental en coup d’arrêt du logement social

Bien que le relogement des familles soit ici prioritaire, le projet du gouvernement de ponctionner
les loyers HLM met les bailleurs sociaux en difficulté. En Haute-Garonne, la taxe imposée par
le gouvernement devrait coûter 300 000 € à l’OPH31 et un million d’euros à la SA HLM des
Chalets. Le président de l’USH estime que « 1300 logements HLM vont manquer à l’appel
chaque année dans la région ». Environ un millier dans le seul Grand Toulouse dont 150 pour
l’OPH31 et Les Chalets, conséquence directe de cette ponction dont les effets vont surtout
se faire sentir en 2013. Pour information, 49 221 demandes étaient en attente d’attribution de
logements HLM au 31 décembre 2009, sur 706 communes de Midi-Pyrénées. Gageons que
cela ne viendra en rien interférer dans l’agenda du GPV !

Le volontarisme GPV…

Dans le magazine d’information de la ville de Toulouse du mois d’octobre 2010, aux pages
consacrées au GPV, Claude Touchefeu, adjointe au maire en charge de la Politique de la
Ville, explique la politique de la ville en ces termes : « […] un quartier populaire n’est pas un
ghetto. Nous souhaitons décloisonner les quartiers en fluidifiant les circulations : entre Empalot
et le centre-ville via la Garonne, entre Reynerie et l’université du Mirail via son parvis, entre
Bagatelle et ses voisins via les traversées du quartier… Il s’agit de favoriser la mixité sociale sur
l’ensemble de la ville. Nous espérons rendre ces quartiers plus attractifs en construisant des
équipements de qualité, en développant l’accession à la propriété, en proposant un cadre de
vie agréable et apaisé. »

Nul doute que les populations concernées ne pourront qu’acquiescer à tout projet dont
l’ambition n’est autre que de rendre le quotidien meilleur à vivre. Il reste qu’une telle ambition
ne peut faire l’impasse d’une des causes majeure du mal-être, je veux parler du chômage,
notamment pour une part importante de cette population plus durement touchée encore que
les autres, celle des jeunes ! A l’heure du désengagement de l’Etat (Les emplois aidés en
l’occurrence), il y a dès lors un pari doublement héroïque à relever.

Le bien vivre, le vivre ensemble, tout le monde en conviendra, n’est pas seulement affaire
d’architecture, il est aussi affaire de dignité…

Article publié dans « Le Sept » 135 - Décembre 2010

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