Aujourd’hui, 7 novembre 2005, cela chauffe de nouveau au Mirail ! Les habitants, premiers concernés par les émeutes de ces dernières nuits, ont besoin de parler et nous réouvrons ce forum qui avait déjà interpellé de nombreuses personnes en mars 2005 : n’hésitez pas à vous exprimer (accès au forum). Allez aussi voir et commenter les articles de la rubrique « Vie du quartier »
Ce forum a manifestement interpellé les habitants du grand Mirail et si ce n’est pas une réelle surprise, c’est néanmoins une satisfaction, à plusieurs niveaux :
- c’est la preuve que les gens d’ici s’intéressent à leur quartier, qu’ils en sont les acteurs, pas de simples spectateurs passifs commes certains aiment à le croire ou le faire croire ;
- et c’est également pour nous, qui avons à un moment décidé de lancer ces forums, la preuve que nous sommes dans le vrai quand nous prétendons faire de tomirail.net un portail pour et par les habitants du quartier.
En ce qui concerne ce premier forum, il apparaît que vos avis sont très partagés. Comme nous l’écrivions dans l’article qui lançait le forum, il n’a jamais été question pour nous de remettre en question l’existence même de la police. Nous nous interrogions seulement sur la façon dont la présence policière s’est traduite tout au long de ces semaines de tension. S’il fallait finalement ne retenir qu’une seule chose c’est que, devant le nombre de vos réactions et, très souvent, leur pertinence, la préfecture a réagi. J’ai été reçu, longuement, le 5 avril, par M. Francis Soutric, le sous-préfet qui a en charge la sécurité, afin de discuter de cette situation.
M. Soutric s’est présenté comme un homme de dialogue. Aussi, je lui ai soumis l’idée de rencontrer des habitants du Mirail. Car ce qui se retrouve dans beaucoup de vos messages, c’est que vous avez trop souvent l’impression de n’être jamais entendus et encore moins écoutés, ce qui contribue à entretenir l’idée que les gens d’ici, finalement, ne sont pas des citoyens de plein droit. Ce sera probablement une des questions qui lui sera posée.
Rendez-vous a été pris avec le sous-préfet, le 10 mai prochain. Un groupe est en cours de constitution. Affaire à suivre, donc…
Omar
Au tout début de l’année, pendant la nuit de la Saint Sylvestre, des voitures avaient brûlé. Dans le numéro 109 du Sept, nous avons choisi de qualifier ces actes de « feux de la bêtise », de l’exaspération aussi, sûrement, même si rien ne les excuse. Aujourd’hui, près de trois mois après, les feux reprennent mais ceux qui les allument ont-ils le monopole de la bêtise ?
Depuis un mois, les forces de l’ordre encerclent le quartier de la Reynerie. Chaque jour, des barrages de police se positionnent sur les grands axes de circulation et sur la place Abbal.
Comment expliquer cette présence massive ? Et surtout, à quoi sert-elle si ce n’est, en l’état, à exciter une population déjà durement touchée par le chômage et l’exclusion ? Pour autant, la police n’est pas une armée d’occupation et il n’est pas question de remettre en cause son action ni son rôle civique (police, étymologiquement, vient de polis, la cité, en grec). Mais il nous semble que la façon dont elle agit est absolument contre productive. D’ailleurs, la présence des CRS est, à cet égard, malheureusement parlante. Ne représentent-ils pas, en effet, la résignation des pouvoirs publics qui, faute de pouvoir (ou vouloir) reprendre le problème à sa source tentent de le régler par la force et la répression ?
- la Reynerie, 1er janvier
Malgré nos demandes réitérées, ni la délégation régionale des CRS (invoquant le devoir de réserve) ni la préfecture (qui promet de rappeler et ne l’a toujours pas fait au moment où nous écrivons ces lignes…) ne donnent d’explications qui pourraient justifier ce déploiement des barrages de police et la multiplication des contrôles. De fait, le climat s’est très vite détérioré.
Nous assistons aujourd’hui à une montée des violences urbaines. Chaque soir, la population de la Reynerie assiste impuissante à des affrontements entre jeunes du quartier et forces de l’ordre. Les jets de bombes lacrymogènes, les jets de pierre, les incendies de voiture, les nombreuses détériorations deviennent le quotidien des habitants de la Reynerie qui n’en peuvent plus de subir à la fois violence sociale et violence urbaine.
De plus en plus d’habitants disent leurs colères et leurs incompréhensions devant cette escalade de la violence.
Quelle est notre responsabilité de citoyen devant cette situation qui se dégrade jour après jour ?
Comment pouvons nous répondre à cette violence qui se banalise ?
Comment repenser une police de proximité ?
Comment empêcher que les feux de la Reynerie se propagent dans d’autres quartiers ?
Non, nous ne sommes pas en Palestine ou en Irak, comme le prétendent les jeunes eux-mêmes ainsi que des médias locaux : nous sommes en France et il de notre devoir d’interpeller les pouvoirs publics et nos élus avant que tout s’enflamme.