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La politique de la ville contre la segregation urbaine ?

Article proposé le jeudi 8 novembre 2007, par Emmanuelle Deleplace


Dans le cadre de la fête de l’Huma à la Courneuve, l’association To7 a participé à une table ronde dimanche 16 septembre sur le thème : « Ghettoïsation, qui sont les responsables ? Politiques de la ville et ségrégation urbaine ». Extraits du débat avec notamment Stéphane Gatignon, maire PC de Sevran et Jean-Philippe Vassal, architecte co-auteur de l’étude « Les grands ensembles de logements, territoires d’exception »

Pour Stéphane Gatignon, maire de Sevran, « la dégradation se généralise depuis les années 80. On assiste à une « ségrégation spatiale ». Ce ne sont pas encore des ghettos, ces quartiers bouchés sans aucun espoir. Mais si rien n’est fait, tout cela va s’accélérer. Il y a trente ans, on a construit des quartiers coupés du reste de la ville. »

« Depuis, la paupérisation a accentué cette ségrégation spatiale. Symbole du désengagement de l’État, la politique de la ville a été un pansement sur une jambe de bois. De plus, il n’y a plus d’engagement fort dans la politique de rénovation urbaine : chacun fait ce qu’il veut comme il veut ou comme il peut. Pour s’en sortir, il faudrait une vraie répartition des richesses entre les territoires riches et les plus paupérisés. »

Le Mirail n’a pas échappé à cette dégradation évoquée par Stéphane Gatignon. Si grâce au métro, le quartier n’est pas coupé du reste de la ville,la majorité des commerces traditionnels a déserté la cité : pour acheter des pâtisseries françaises, de la charcuterie ou du fromage, il faut quitter le quartier. Les rodéos et les incendies de voiture font partie des animations courantes. Et la plupart de ceux qui en ont eu les moyens a choisi de partir, remplacée en général par une population encore plus précarisée, la seule qui accepte sans rechigner de prendre un logement ici.

Alors les habitants ont voulu croire en la rénovation urbaine. Ils ont participé nombreux aux réunions de concertation qui ont précédé le Grand Projet de Ville fin 90 début 2000. Certaines demandes, comme celle de réintroduire plus d’équipements collectifs, ont été entendues.A TO7, nous faisons le constat aujourd’hui d’un projet qui manque de cohérence, où la voirie est privilégiée par rapport au logement, où les destructions précèdent les reconstructions : la première barre d’immeuble a été démolie en 2003 alors que les premiers nouveaux logements ne sortiront de terre qu’en 2010.

La façon dont les grands projets de ville ont été menés hérisse l’architecte Jean-Philippe Vassal : « C’est d’une violence extraordinaire. Je milite pour une architecture plus douce et tout autant ambitieuse, qui consiste à faire avec, rajouter et ne jamais détruire. La politique actuelle est un non-sens. Avec un million de demandes de logement social non satisfaites, on continue à démolir des immeubles. À un rythme de 5 % depuis cinq ans, cela signifie 100 000 logements détruits.

Pourquoi démolir ?

La politique de financement est aussi un non-sens : chaque logement démoli coûte 30 000 euros, pour en reconstruire un neuf, on dépense 150 000 euros. Donc près de 200 000 euros pour démolir et reconstruire. L’alternative de transformation douce n’a le droit qu’à 20 000 euros : dix fois moins ! C’est impossible de faire quoi que ce soit avec un tel budget. Alors qu’on peut installer des grands jardins d’hiver devant les logements, reconsidérer les halls d’accueil, travailler avec les habitants pour créer des jardins associatifs là où aujourd’hui, entre les barres, ce sont des no man’s land… »

« Autre non-sens : le soi-disant système du développement durable dans lequel on voudrait nous entraîner. Il faudrait que les architectes construisent des bâtiments verts et écologiques sur les ruines de ce qui a été démoli. La première aberration liée à cette idée est la démolition : perdre ce qui existe, produire cette pollution alors qu’on pourrait faire avec. Il arrive même que les immeubles reconstruits soient plus petits que ceux détruits ! »

« À Paris, nous réhabilitons une tour qui date des années soixante. Nous avons travaillé avec chacune des cent familles pour respecter au mieux leurs demandes. Chaque logement gagne 10 à 15 m2 et un jardin d’hiver de 20 m2 qui ouvre vers l’extérieur. Au final, nous produisons un projet deux fois plus économique qu’une démolition-reconstruction de logements neufs. »

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