T-O-Mirail Reynerie Bellefontaine Bagatelle Pradettes Faourette Lafourguette Mirail-Universite Basso-Cambo tous les quartiers
Accueil > Les Habitants > La vie du quartier > Sortir de la violence

Sortir de la violence

appel pour la paix dans les quartiers

Article proposé le mardi 8 novembre 2005, par Jean-Pierre Nizet


Les violences qui ont touché les quartiers depuis maintenant plus de 10 jours entraînent de notre part une réprobation totale. En effet, nous n’oublions pas que les premières victimes de ces violences, en termes matériel et médiatique, ne sont autres que les habitants de ces quartiers.

Nous appelons les jeunes qui seraient prêts à suivre l’exemple de quelques émeutiers qui s’attaquent aux édifices, aux personnels publics mais aussi aux lieux de vie des quartiers, de s’écarter de cette tentation. Si des jeunes voyaient dans la violence un moyen d’exprimer leurs ressentiments, ils tomberaient dans la facilité d’une brutalité qui touche des personnes rencontrant les mêmes difficultés qu’eux.

Malheureusement, ce qui se déroule sous nos yeux depuis plusieurs jours renvoie à des maux profonds qui rongent les quartiers depuis de trop nombreuses années.

Si l’on veut sortir par 1e haut de la crise urbaine qui secoue 1a France, la seule réponse en terme d’ordre public n’est en rien adaptée. Il faut répondre dans 1a clarté et dans les actes au sentiment de frustration ressentie par une partie importante de la jeunesse des quartiers.

Trois points sont, dans l’urgence de la situation, incontournables :

Tout d’abord, le déclenchement des émeutes urbaines a trouvé sa cause, comme à chacune de ces situations similaires, dans les relations conflictuelles entre les jeunes et la police. La Police, parce qu’elle est souvent un des derniers représentants de la présence de l’État dans les quartiers, concentre sur elle toutes les attentes et toutes les frustrations. Mais comment peut-elle être efficace quand le seul axe d’intervention qui lui est assigné est la répression ? Quand la formation des policiers n’est en rien adaptée à la réalité sociale du pays ? Quand les policiers les moins expérimentés se retrouvent dans les quartiers les plus difficiles ? Face à une situation à laquelle ils ne sont pas préparés, Ils sont, trop souvent, tentés de gagner leur autorité par des mesures vexatoires (contrôles aux faciés, etc…).

Ensuite, la réalité quotidienne des habitants des quartiers, et notamment des plus jeunes, est marquée du sceau des discriminations, qu’elles soient liées à l’origine ethnique ou tout simplement au lieu d’habitation. Pour des millions de personnes qui dans leur recherche d’emploi et de logements vivent la discrimination, 1e principe de l’égalité républicaine s’arrête aux portes des quartiers. Or, si tout le monde reconnaît aujourd’hui cette réalité, où sont les actes concrets des pouvoirs publics afin de lutter contre ce fléau ?
Faute de réponses valables, les discriminations créent une frustration chez des jeunes, touchés beaucoup plus fortement par le chômage que le reste de la population. Ils se retrouvent assignés à résidence, faute de pouvoir accéder à d’autres lieux d’habitation.

Enfin, la crise actuelle relève aussi de l’état d’abandon dans lequel le secteur associatif a été laissé ces dernières années. La restriction des crédits et la suppression des emplois-jeunes au niveau national, la tentation de la « caporalisation » des associations par les pouvoirs publics locaux ont conduit à un étiolement sans précédent du tissu associatif. Lorsqu’on ajoute à cela la disparition des services publics et la réalité de politiques urbaines qui s’intéressent au bâti sans se soucier réellement des gens qui y habitent, nous obtenons ce que nous voyons actuellement : un sentiment d’abandon par une République qui se drape dans ses principes d’égalité et de fraternité sans se soucier de leur application. Comment par exemple accepter que les écoles classées ZEP ne puissent pas, faute de moyens, jouer à plein leur rôle d’ascenseur social ?

Ces trois points structurent aujourd’hui une ghettoïsation qui avance à grands pas. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics de répondre dans la clarté à cette réalité. Non pas par des mesures de rafistolage mais par des réponses lisibles et d’ampleur. Des réponses pour rendre leur dignité aux gens, tout simplement. Car le problème n’est pas tant les conditions de vie actuelles des gens qui vivent dans les quartiers mais l’impression - légitime - qu’ils ont qu’il n’y a que peu d’espoir pour eux de sortir de leur situation.

C’est pourquoi nous appelons les pouvoirs publics à ne pas se limiter à la mise en scène d’un dialogue avec les « Jeunes des quartiers ». Si les pouvoirs publics se contentaient d’emprunter cette voie, ils donneraient un peu plus l’impression de l’existence d’un fossé tragique entre leurs réponses et les préoccupations des habitants des quartiers. Ce que nous demandons, c’est une table ronde réunissant l’ensemble des parties prenantes - État, collectivités locales, associations, représentants des policiers, des enseignants et des travailleurs sociaux - afin de déboucher sur des propositions concrètes.

Dans le Grand Toulouse, cet appel est déjà signé par :

Vous pouvez signer cet appel en écrivant à sortirdelaviolence sos-racisme.org.

Répondre à cet article

2 Messages

  • > Sortir de la violence

    14 novembre 2005

    Bonjour.

    Je m’appel Jean-Claude CORAZZA et je suis le Directeur des services pédagogiques de l’association ESSOR93 (association d’entraide des pupilles et anciens pupilles de l’état de la Seine Saint Denis).

    Je me permets de réagir en qualité première de citoyen puis de professionnel concernant votre pétition.

    La violence est l’arme des personnes qui pour des raisons objectives ou non ne peuvent en trouver d’autres. Vous avez raison de condamner cette violence mais laisser s’installer le désoeuvrement dans nos banlieues n’est il pas une violence en soit ?

    Concernant les rapports avec la police, il est nécessaire de souligner que l’expression du racisme est de plus en plus ouvertement vivant dans les relations « jeunes/police » ou « police/jeunes ».

    Nos associations,s’éloignent de plus en plus des personnes les plus en difficultés et ne sont pas en liens avec ceux qui échappent au maillage associatif. Il faut repenser nos actions ou interventions en arrêtant de stigmatiser ceux qui ne se retrouvent pas dans notre société !

    Il me parait urgent par ailleurs de reposer la question de l’économie parallèle dans les quartiers difficiles si nous voulons en profondeur « régler » certains problèmes dans les banlieues.

    Pour finir je pense que la table ronde ne peut se faire sans les jeunes émeutiers… !! Si je suis ma logique, comment faire pour qu’ils rejoignent la vie sociale et citoyenne ? Peut être en les associants aux débats ?

    Voilà pour cette modeste contribution au débat.

    Au plaisir.

    Jean-Claude CORAZZA.

    e-mail : jean-claude.corazza essor93.org

    repondre message

  • > Sortir de la violence

    13 novembre 2005, par Daniel asem.roques no-log.org

    Pourquoi n’avez vous pas fait écho de l’appel unitaire à manifester de ce samedi 12 novembre ? Il vaut mieux une table-ronde qu’une manif ?…

    Daniel (éduc sur le Mirail )

    **********************************************************

    APPEL A MANIFESTATION

    Plus de 150 personnes, des habitant-e-s de différents quartiers de Toulouse et membres de nombreuses associations et organisations se sont réunies à Bagatelle le mercredi 9 novembre 2005.

    Cette assemblée dénonce la loi d’exception, le couvre-feu de fait et l’isolement de certains quartiers, la justice bâclée lors des comparutions immédiates et les expulsions comme double peine, les discriminations économiques et racistes, et tous les discours qui diabolisent certaines populations.

    Nous appelons à renforcer les rassemblements quotidiens d’habitant-e-s à 18:00 place Abbal à la Reynerie et ailleurs, ainsi qu’à 22:00 place du Capitole.

    Nous appelons à une manifestation, pour dépasser le climat actuel et
    ouvrir les débats populaires dont nous avons besoin, samedi 12 novembre
    2005
    . Départ de la place Abbal à 14:00 pour aller jusqu’à la place du
    Capitole.

    Collectif anti-discrimination et contre les lois d’exception, réuni le
    9 novembre à Bagatelle.

    Soutenu par : Circuit Jeunes, Club de Prévention des Quartiers Nord,
    Association Socio-éducative du Comminges, Collectif toulousain
    Résistance à la Délation, Maison de quartier de Bagatelle, Droit de
    Cité Toulouse, Ligue des Droits de l’Homme, Union Départementale CGT,
    FSU, Union Syndicale Solidaires, Sud Education, CGT IBM, LCR, PCF,
    Motivé-e-s.
    (Premiers soutiens reçus).

    repondre message

Contact | SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | Florence Corpet, webmaster