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La Reynerie : Deux exemples de démocratie locale

Article proposé le vendredi 7 novembre 2008, par Jean Marc Izrine


Dialogue entre institutions et habitants à l’initiative de Vivre à la Reynerie.

L’association « Vivre à la Reynerie », qui existe depuis les années 2000 a organisé des débats avec les représentants des Pouvoirs publics, notamment sur le GPV. La parole des habitant-e-s a été vive face à ce projet qui ne semblait pas leur convenir, cependant le mérite tient au fait que cette série de débats s’est tenue en toute indépendance de part et d’autre et chaque partie a pu s’y exprimer librement.

La place Abbal : un espace public utilisé pour le débat public

Le réseau associatif du quartier, plus ou moins informel, organise des débats publics sur la place Abbal. A plusieurs reprises, les habitant-e-s se sont exprimés sans entrave et sans demander une quelconque autorisation. La CNL a utilisé à plusieurs reprises cette place pour mobiliser et informer sur le prix de l’eau. Un débat a eu lieu, lors des Municipales 2001, où une grosse centaine d’habitant-e-s sont venus entendre et échanger avec l’ensemble des candidats aux Municipales (à l’exception de l’extrême droite non invitée). Cette initiative sur la place publique a été unique à Toulouse. Mais, les principales mobilisations se sont produites dans des moments de fortes tensions avec la police. Suite à une interpellation brusque de la part de policiers en 2004, des rassemblements ont été organisés pour libérer la parole habitante. De nombreux-es habitant-e-s y ont exprimé leurs souffrances. Cela s’est renouvelé lors de l’arrestation de quatre jeunes suite à des échauffourés, au printemps 2005, dans le quartier et lors des affrontements au plan national, fin 2005.

L’expérience la plus aboutie de démocratie directe et certainement la plus spectaculaire remonte aux conséquences des émeutes de Reynerie, en décembre 1998, suite à la mort du jeune Habib. Voulant redonner du sens à la contestation, une réunion d’associations du quartier lance, pour le début de l’année 1999, une assemblée générale habitante qui donnera son accord à l’organisation d’une manifestation : la marche de Reynerie. Ce réseau associatif se transforme en collectif « Habitant-e-s-travailleurs » et permet d’établir du lien entre divers groupes sociaux du quartier. Ce collectif restera mobilisé, au-delà de la marche, avec en moyenne une réunion hebdomadaire. Les places occupées par chacun des groupes sociaux permettent d’élaborer des revendications spécifiques. Les femmes du Mirail ont leur propre spécificité. Les jeunes ont monté leur association, le « 9 bis ». Une cinquantaine de salarié-e-s se retrouvent dans une école pour mobiliser leurs collègues. Près de trois cents habitant-e-s ont participé à cette AG, posant ensemble les conséquences des violences urbaines suivant la place occupée par chacun-e, jeune, maman, associatif etc. Le dialogue s’est établi entre jeunes et moins jeunes, ce qui n’était pas une mince affaire en ce moment de tension. Les débats ont été passionnés mais jamais violents. Un mois après, 1500 personnes partaient de la Reynerie pour marcher jusqu’au centre ville en demandant sur la banderole de tête « justice, emploi, éducation », les jeunes avaient pour leur part une belle banderole bariolée où l’on pouvait lire « une seule race, la race humaine ».

L’affaire Habib et ses conséquences marqueront toute une génération militante, dans et hors du quartier, mais aussi les pouvoirs publics qui répondront aux revendications par le GPV et ses destructions d’immeubles.

Le fossé entre démocratie directe et démocratie représentative ne semble pas prêt de se réduire.

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