Avec l’ouverture de la carte scolaire, le collège de La Reynerie a vu ses effectifs fondre
et sa réputation de collège “mal fréquenté” s’accentuer. Pourtant, la réalité ne correspond
pas nécessairement aux a priori véhiculés. Comment faire changer cette situation ?
La peur des “mauvaises fréquentations”
Les premières réunions organisées par quelques parents d’élèves du collège auprès de
parents d’élèves de CM2 des écoles Jean Gallia et Didier Daurat rapportent principalement
cette crainte de la délinquance à l’intérieur du collège et une idéalisation des collèges de
centre-ville. Le collège Fermat est un modèle souvent cité où “on finit le programme, le
professeur est écouté et respecté”, comme si ce n’était pas le cas à La Reynerie. Au cours
des discussions, il est pourtant apparu que le risque était finalement aussi élevé au cours de
trajets vers d’autres collèges. “J’avais mis ma fille à Clémence Isaure, je l’ai réinscrite à La
Reynerie. Ils étaient aussi turbulents et beaucoup plus nombreux.” Le grand succès des Portes
Ouvertes a permis également de faire tomber d’autres barrières. La section football avait entre
autres attiré quelques amateurs. Les petits effectifs, l’attention portée aux élèves sont aussi
des arguments “porteurs”.
Les réunions de Grandir et Réussir au Mirail
Tous les premiers jeudis du mois se tient à la Maison de quartier de Bagatelle une réunion
de parents, d’enseignants et d’habitants du quartier autour du rapport à l’école en Réseau
Ambition Réussite. La dernière réunion portait sur le projet de classes de niveau : des classes
de 6ème pour bons élèves ou élèves en difficulté sont envisagées pour la prochaine rentrée.
Ceci pose la question de la mise à l’écart, d’emblée, de ces enfants “à problème”. C’est dans
cette perspective de la mise en place d’un système scolaire à plusieurs vitesses que seront
organisés les Etats Généraux de l’école le samedi 19 juin. Le matin des rencontres auront lieu
place Abbal. L’après-midi des ateliers de discussion autour des thèmes :
- égalité des chances /égalité des droits
- éduquer ou dresser
- formation ou formatage
A l’intérieur du collège
Sidi Mohamed Nemmiche est élève en 3ème, délégué des élèves au Conseil d’administration
et vice-président du Foyer socio-éducatif. Comment cet adolescent, très impliqué dans la vie
du collège, le perçoit-il ?
“On porte avec nous cette image de collège de délinquants. Mais les mauvaises fréquentations
se font surtout à l’extérieur. Il faut dissocier collège et quartier.” Il déclare d’ailleurs avec
fierté que ses propositions pour les Portes Ouvertes et son exposé sur la citoyenneté ont
été remarqués par l’administration du collège. Sa participation à l’atelier théâtre lui a aussi
permis, ainsi qu’à une dizaine d’autres élèves de participer à des sorties culturelles au Sorano
et au Capitole avec la participation de “Voir et Comprendre”. “On nous raccompagne le soir
jusqu’au pied de notre bâtiment”. Ses réflexions sont très déterminées : “Nous sommes des
élèves normaux dans un collège normal, l’administration et les enseignants nous aident et
défendent le collège. C’est le regard extérieur qui nous discrimine.”
Nejjia Azzouzi, adulte-relais, fait le lien avec les parents des collégiens. Elle reconnait que
l’implication des parents est un travail de long haleine : il faut téléphoner, inviter, relancer.
Mais, là encore, la détermination est payante. Les “cafés parents “ rassemblent régulièrement
le jeudi après-midi une trentaine de pères et mères qui discutent avec divers intervenants
de l’éducation des adolescents. Pour cette “non-enseignante”, les jeunes “à problème” sont
finalement très peu nombreux dans le collège.
Entre parents, collégiens et enseignants, la proximité, le réseau et l’échelle humaine du
collège sont des atouts dans une véritable perspective de réussite scolaire. Lorsque les
réticences sur le collège sont tombées, il s’avère que sauf “accident de parcours”, les départs en cours de scolarité sont très rares. “Grandir et réussir au Mirail” reste un objectif commun.