Un certain 21 avril

Il y a des dates qui ne s’oublient pas, et celle du 21 avril 2002 fait partie de celles-là.

Alors que le 22 avril 2012 nous aurons à choisir celui qui présidera notre République, le souvenir de ce 21 avril refait surface.

Nous avons tous en tête une certaine idée du Front National. Certains adhèrent à ses idées, d’autres les combattent. Et cette idée est bien souvent celle d’un parti raciste et xénophobe.
Pourtant le Front National ou toutes idées d’extrême droite est bien plus complexe et il ne faut pas le réduire aux simples propositions xénophobes ou nationalistes.
Bien plus que cela, l’extrême droite est avant tout une idéologie qui prône l’Ordre Moral, qui souhaite uniformiser une société en perte de repères pour la faire avancer sur des rails bien définis que d’autres ont voulus pour une majorité.

Certes le Front National pose de bonnes questions, mais il donne de mauvaises réponses. Au lieu d’être un élan qui ouvre vers demain et vers l’autre, il renferme sur nous-mêmes, il cloisonne et il coince dans un moralisme et une uniformisation qui voit désormais tout en bleu marine.
Une architecture Marine, une bonne culture Marine, une bonne éducation Marine, une France bleu Marine.

Aujourd’hui les sondages et le climat politique de cette élection présidentielle font craindre le retour d’un 21 avril. Alors on s’affronte opposant les bons aux méchants.

Mais au lieu de s’attaquer aux conséquences, que sont le racisme ou la xénophobie, il nous faut identifier et combattre les causes.
Le Front National et son idéologie sont les conséquences d’une cause plus sournoise.

Le monde est en crise, crise économique, crise sociale, crise de confiance, crise de valeur, en un mot le monde est en crise de sens. Il ne sait plus où il va, il ne sait plus d’où il vient, tout vaut tout et tout vaut rien.

Cette crise n’a pour unique cause que le système idéologique qui seul domine aujourd’hui : le capitalisme.

Le capitalisme détruit toute relation à l’autre et au monde en faisant de tout une marchandise qui se monnaie. Ce qui avant pouvait porter des valeurs morales ou sociétales a disparu pour laisser la place à la financiarisation à outrance. Aujourd’hui plus personne ne peut se référer à un système tant le capitalisme est déconnecté des réalités de la société.

Tout cela produit une crise du sens et le Front National s’engouffre dans cette crise en proposant des réponses démagogiques qui n’ont pour fonction que de rassurer ceux qui sont perdus dans un monde lui-même perdu.

Ainsi l’Extrême droite n’est qu’une conséquence, une réponse rassurante à une inquiétude. L’idéologie extrémiste ne propose rien d’autre que des rails à suivre sagement au lieu de vivre une véritable liberté. Il est si rassurant de suivre plutôt que de tracer sa propre route en toute liberté.

Quand nous aurons à nous prononcer par notre bulletin de vote sur le monde que nous voulons, ne cédons pas à la peur et ne cherchons pas à être rassuré. Attaquons nous aux véritables causes des maux de ce monde et ne soyons pas aveuglés par les belles sirènes qui se présentent comme solution.

Les jours se suivent et se ressemblent, espérons que ce 22 avril ne ressemble pas au 21 avril et que la confiance sera victorieuse de l’angoisse et de la peur.

Christophe Cousinié