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Il faut le respect de tous ceux qui sont dans le pays, quelque soit l’origine

Article proposé le jeudi 14 octobre 2004, par Kelifa


Il faut le respect de tous ceux qui sont dans ce pays quelle que soit l’origine.
Le respect, c’est l’éducation, c’est la base. Le respect est réciproque : L’état doit respecter les gens, les gens doivent se respecter entre eux. Avec le respect, la vie se passe mieux.

Il faut un accord entre l’État et les gens du pays. Il ne faut pas que l’État prenne les décisions tout seul, sans tenir compte des gens. L’État doit anticiper, enquêter : Il doit d’abord savoir comment la vie se passe, après, il prend la décision.
Par exemple, pour la démolition d’immeubles : s’ils avaient pris le temps, comme nous qui avons pensé un peu, ils auraient vu que les gens ne veulent pas partir.
Nous, on prend du temps pour organiser les gens qui vont perdre leur droit, leur logement. On travaille pour dire vraiment comment ça se passe, et ça donne une autre possibilité, ça permet aux gens de tester et de changer les choses, de trouver des solutions pour améliorer la situation.

Si l’État respecte les gens, avant de faire une loi, il va enquêter pour savoir ce que veulent et pensent les gens. Comme ça, il va être en accord avec le peuple, et les gens ne se révoltent pas. Mais aujourd’hui, la loi ne suit pas la vie des gens, comme la loi des 10 ans, qui fait perdre des années de leur vie aux gens.
Si on se révolte, si on fait des problèmes à l’État, l’État doit changer les lois.

Il faut les droits pour tous. Pour tous les ouvriers. Ils ne sont pas que de la main d’œuvre, ils bâtissent le pays, participent à l’économie du pays et à sa vie.
Certains sans-papiers ont honte, ils se sentent comme handicapés. Nous on dit au contraire qu’il ne faut pas se cacher, et que l’état doit lui fournir ce qu’il faut pour qu’il vive comme les autres.

Le Rassemblement des Sans-papiers à Toulouse est arrivé à résoudre des problèmes des ouvriers sans-papiers, par l’étude des dossiers présentés à la préfecture, et les recours si nécessaires, à la préfecture et au tribunal.
Nous travaillons ensemble, et avec confiance.

Je trouve que le Rassemblement ouvre un bon chemin. J’ai pris confiance au rassemblement et je veux transmettre cela aux autres : Je prends un peu de temps avec ceux que je connais pour la confiance. Je fais l’intermédiaire entre le Rassemblement et les nouveaux, pour qu’ils viennent pour la bataille pour qu’ils voient comment on s’organise. J’aime bien.

Être organisé avec le Rassemblement, c’est aider les autres. De façon générale.
J’ai passé 10 ans sans droit, qui m’ont marqué, qui restent dans ma tête. Je sais ce que c’est.
A Montpellier, j’ai eu un accident, je me suis cassé la jambe au chantier. Le patron a dit : « Tu ne dis rien », et il m’a laissé tomber.
Je ne veux plus de choses comme ça. Je veux aider les autres pour que ça ne se passe plus.

Le travail, ça compte, oui, car c’est le travail qui donne les droits. Nous sommes des travailleurs, nous sommes forts car nous construisons le pays. Clandestin, non, ouvrier, oui.
L’ouvrier sans-papiers doit sentir l’air, respirer, ne plus être seul. Il travaille, son travail n’est pas une honte.

Les feignants ne travaillent pas. Qu’en faire ?
Certains suivent un autre chemin, choisissent de ne pas travailler, de rester à ne rein faire, vendent des cigarettes, certains ne trouvent pas de travail.
Pour eux, il faut les inciter à venir se battre, ne pas les laisser tomber, leur permettre de comprendre, même s’ils n’ont pas de travail.

Avec le Rassemblement, tu peux changer de situation. Il faut leur expliquer, par exemple, que la vente de cigarettes, c’est le contraire d’une solution, ils se cherchent les problèmes en faisant ça. Il faut les inciter à arrêter

Une fois, on a fait un débat ici avec la CGT. Pour moi, ils ne savent rien de la politique, ce sont des menteurs. Certains ont suivi la CGT depuis le jour où ils ont ouvert les listes, quand la CGT disait : « Dans 15 jours, vous aurez les papiers ». Rien.
Quand on a discuté avec eux, on avait nos tracts, qu’on connaît puisqu’on les a faits, mais eux, rien aucun tract. Ils ne travaillent pas avec les gens, ils sont dans les bureaux. Même les sans-papiers de chez eux ne connaissent pas la vie des sans-papiers, ils n’étudient pas la vie des gens dans les dossiers. La photocopie du passeport, c’est ça un dossier ?

Nous, quand on a décidé quelque chose, on le fait. Que demander de plus ? C’est notre force. On fait ce qu’on décide. Même si on décide parfois d’attendre, de reculer, on décide ensemble.

C’est possible parce qu’on a la confiance ». Pour moi, j’ai trouvé quelque chose qui existe déjà. Les premiers jours, je vois comment ça se passe. Au début, c’est un peu dur de comprendre, de voir. Comme à ce moment-là, je ne travaillais pas, j’ai suivi les réunions sur la loi, et les réunions du lundi sur les dossiers. Chacun a un dossier différent, chacun a ses problèmes, et on réfléchit ensemble quel chemin est le plus court et le plus sûr pour chacun. Parfois, par exemple, pour un qui vient juste d’arriver en France, on lui dit d’attendre avant de présenter son dossier à la préfecture, pour d’autres on cherche des éléments nouveaux…

En faisant comme ça, la confiance vient automatiquement, ce n’est pas verbal. On voit que le Rassemblement est sérieux.
Certains sont partis voir les avocats, la CIMADE… et à la fin, ils reviennent au collectif. Mais on dit aux gens : « Voilà, tu as fait telle et telle bêtise, voilà les conséquences, et ce qu’on te propose pour essayer de réparer. Si tu ne veux pas, tant pis » On ne ment pas, on est exigeant.

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