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Quartiers populaires sous tension … le chaînon manquant !

Article proposé le mardi 28 août 2007, par Jean Marc Izrine


Pourquoi les grands mouvements sociaux naissent-ils rarement dans les quartiers populaires ? Pourquoi les réseaux militants, pourtant bien présents ont-ils tant de mal à faire réellement émerger la parole des habitants ? Parce que les militants s’épuisent faute de relais notamment auprès des populations issues de l’immigration. L’analyse de Jean-Marc Izrine.

Des militants, individuellement ou constitués en réseaux, développent au quotidien et souvent dans l’ombre, des espaces de citoyenneté. Cette gauche sociale crée rarement l’événement mais travaille, sans relâche, avec peu de moyens, au développement d’une parole habitante autonome. Ces réseaux militants, non institutionnels et non « politiquement corrects », s’apparentent au concept de la « minorité agissante ».

Les enjeux électoraux ne constituent pas le ferment de leur activité. C’est un militantisme essentiellement tourné vers les faits de société vécus quotidiennement dans les quartiers. On y trouve des militants syndicaux, des antiracistes, des antifascistes, des féministes et autres « alter mondialistes ». Leur activisme consiste essentiellement à organiser des réseaux associatifs plus ou moins formels fondés sur la dynamique revendicative, la parole citoyenne et l’émergence de contre-pouvoirs.

Ils vivent ou travaillent dans le quartier

Ces militants appartiennent aux couches sociales qui vivent ou travaillent dans ces quartiers : habitants issus de professions intermédiaires ayant un vif intérêt pour la culture, l’éducation, le politique, habitants engagés dans les structures de défense des locataires, des comités de quartiers ou comme bénévoles dans des associations de quartiers voire dans des associations liées aux faits de sociétés (antiracisme, féminisme, sans papiers…).

Ce sont aussi des salariés : enseignants, travailleurs sociaux, du service public ou d’associations du lien social. Ils ont des pratiques très hétérogènes et en grande partie éclatées. Cet aspect diffus les protège de la répression institutionnelle mais les handicape pour permettre l’émergence d’un projet fédérateur.

De nombreux militants se sont épuisés devant l’ampleur de la tâche et le turn-over est important. Pour les salariés, l’activité militante se situe à la frontière entre l’activité professionnelle et l’action politique. L’équilibre reste fragile, souvent mis en danger par les pressions institutionnelles et/ou sociales qu’ils subissent. L’activisme militant devient alors un véritable parcours du combattant, et réclame beaucoup d’énergie. D’autant que les pouvoirs publics cherchent à institutionnaliser ces militants, à les transformer en médiateurs, voire en régulateurs de la contestation.

Manque de relais de terrain

La gauche sociale souffre d’une absence de relais sur le terrain, notamment auprès des populations issues de l’immigration. Les jeunes qui pourraient avoir une conscience politique fuient le quartier, ou s’ils continuent à y habiter, ils préfèrent militer pour d’autres causes à l’extérieur.

Ainsi, cette implication d’habitants politisés issus de l’immigration post-coloniale manque cruellement pour donner sens à la révolte des quartiers, laissant place à des révoltes urbaines sans avenir qui s’éteignent aussi vite qu’elles sont apparues, provoquant des exactions contre-productives.

Cependant les enjeux sont de taille, car face à un pouvoir politique qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans une démarche sécuritaire, ces militants cherchent les leviers de la conscience collective afin de fédérer les énergies et développer les dynamiques sociales revendicatives de la parole habitante.

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