Vivre ensemble au Mirail ? Un tel thème quand on parle partout d’identité nationale, comment ne pas y penser ?
Vivre ensemble au Mirail ? J’ai immédiatement vu les hautes barres d’immeubles, laides et angoissantes, mais avec des appartements larges et clairs comme il y en a rarement au centre de Toulouse. J’ai vu le joli lac plein de canards, le marché de la Reynerie où les blonds sont de plus en plus rares, la peur de se faire agresser le soir ou voler sa voiture. Bref tous les clichés que l’on vit ou que l’on reproduit sur « le Quartier ». Mais il est vivant, ce quartier, arboré, plein d’écoles et d’enfants…..Pourquoi n’aimerais-je pas y habiter ? Parce que c’est un quartier à forte majorité, forte identité, maghrébine et musulmane ? Aimerais je habiter dans un quartier chinois ?
Et moi qui suis-je, la blonde aux yeux bleus, née à Valenciennes de parents marseillais, ayant vécu longtemps à Paris avant de me sentir « émigrée » à Toulouse ? Moi qui ne sais pas bien quelles sont mes racines, avec certes un grand père 100% provençal mais avec un autre émigré italien, et un autre, plus lointain, russe ? A qui on a posé 20 fois dans sa jeunesse la question : Adine, c’est un nom juif ou arabe ? Et je répondais invariablement, furieuse, c’est un nom russe, qui veut dire un dans les 3 langues.
- Identites Meurtrieres
C’est vous dire combien j’ai lu avec intérêt le livre d’AMIN MAALOUF LES INDENTITES MEUTRIERES écrit en 1998 [1].
C’est un livre formidable et je ne peux que vous conseiller de lire, comme un roman, mais quelle profondeur !
Amin Maalouf est un écrivain libanais né à Beyrouth en 1949 et qui a fui son pays en 1976 pour Paris en raison de la guerre civile. Chrétien Melkite, il a vécu dans un monde à majorité musulmane ; il écrit en français et parle plusieurs langues.
On comprend qu’il se soit interrogé sur la notion d’identité, sur les passions qu’elle suscite, sur ses dérives meurtrières. Pourquoi faut-il, en cette fin de siècle, que l’affirmation de soi s’accompagne si souvent de violence et de la négation d’autrui ?
Pour Amin Maalouf l’identité c’est : « ce qui fait que je suis moi-même et pas un autre ». L’identité est faite d’une multitude d’appartenances qui nous semblent essentielles (religion, nationalité, profession, milieu social…). Quelqu’un peut se dire avant tout « chrétien » tandis que quelqu’un d’autre se dira « tunisien » ou un autre encore « fonctionnaire ».
Par ailleurs, leurs places évoluent dans le temps. Maalouf prend le cas d’un homme qui, en 1980 se proclame « yougoslave » tandis qu’en 1992, il se dit « musulman » et qu’enfin aujourd’hui, il s’affirme « bosniaque »…..
Ceci est d’autant plus vrai car on se reconnaît dans son appartenance la plus attaquée (couleur, religion, langue…) Plus un élément de notre identité sera agressé, plus on aura envie de le défendre en le mettant en avant dans notre identité.
Voila pourquoi le Mirail est ce qu’il est. Mais Amin Maalouf poursuit en donnant des éléments pour vivre ensemble dans ce « monde globalisé » sans violence et sans haine.
Voila pourquoi on aimera vivre au Mirail. Un débat à poursuivre !
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